La mythologie carolingienne au tympan de Conques

Emblèmes & apologie du mythe carolingien au tympan de Conques :
Le tympan de Conques est une chanson de geste ! Trois protagonistes de l’iconographie carolingienne figurent en effet au tympan, au centre de la colonne de l’Eglise en marche, au premier étage des Demeures paradisiaques, à la droite du Christ. Tous les historiens de l’art y relèvent la présence de Charlemagne. Mais les deux personnages en retrait qui l’encadrent, n’ont pas encore été identifiés : apparaissant de face, l’un porte la coiffure cléricale, l’autre une coupe ondulée, si bien que certains ont pensé qu’il s’agissait d’une femme, et ont suggéré l’hypothèse de Bertrade, fille de Charlemagne, ou Bertrade « au grand pied », sa mère.
L’analyse graphique des postures et des traits physiologiques nous permet d’avancer deux identités possibles : celle de saint Guilhem, alias Guillaume au Court Nez pour le moine, et celle de Louis le Pieux, pour le jeune homme à la coiffure ondulée, grand bienfaiteur de l'abbaye.

L'épopée carolingienne au tympan de Conques
Les héros de l'épopée carolingienne : Louis le Pieux (dit aussi le Débonnaire), Charlemagne et saint Guilhem
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Charlemagne
Sceptre fleuri en main, un peu voûté, Charlemagne suit humblement l’abbé qui le conduit par la main, marquant ainsi sa subordination au spirituel, ce qui constitue une transposition intentionnelle, mais partiale et discutable de la réalité historique.
Le réunificateur de l’empire romain d’occident apparait couronné, barbe taillée, moustache à la gauloise, visage allongé et menton pointu, (comme il est représenté sur une mosaïque de Saint-Jean-de-Latran), le regard un peu inquiet, genoux fléchis, dos courbé, l’empereur donne l’image, non pas du triomphe, mais de la vieillesse et de la docilité. Ce qui nous inciterait à mettre cette représentation en concordance, soit avec le sacre à l’âge de cinquante-six ans en l’an 800, ou mieux à l’approche de sa mort, en 814.
En 1165, l'antipape Pascal III canonisera Charlemagne à l'instigation de Frédérique Barberousse qui souhaitait légitimer son pouvoir. A Conques, l'empreur est placé au paradis, mais il ne porte pas d'auréole. (1)
Notons au passage un détail surprenant : dans les traces polychromiques, Charlemagne est vêtu d'une tunique bleue : manifestation de la "révolution bleue" des XIIe - XIIe s. chère à Michel Pastoureau ?


On pourrait s'étonner de la présence d'un souverain, mort trois siècles plus tôt, représenté sur le tympan d'une église en compagnie de deux héros issus des romans épiques tout juste forgés. Le cas n'est pourtant pas isolé : Marcel Durliat note que bien « des héros de la littérature du temps pénètrent avec le thème de Roland dans l’iconographie romane. […] La geste des compagnons de Charlemagne avait été renouvelée par les croisés en Espagne : ne venaient-ils pas d’entrer en vainqueurs à Saragosse en 1118 ? », et l’auteur de citer notamment le thème du chevalier glorieux sur la façade de la cathédrale d’Angoulême, précisant que « dans l’ouest de la France, […] une idée de triomphe est implicite dans ces thèmes. D’où la conclusion que le cavalier roman ayant pris une part active à la Reconquête, résumait les croyances, les élans, les ambitions de l’aristocratie féodale à travers le mythe de la croisade. » (Marcel Durliat, L’Art Roman, Citadelles & Mazenod, 1989, p. 128)
Le thème du cavalier glorieux, est présent au prieuré conquois de Perse, où deux modillons romans le mettent en exergue.
A Conques, ce n’est pas Roland qui est évoqué, mais les héros du cycle épique de Louis le Pieux et de Guillaume au Court Nez.

Charlemagne et sa tunique bleue au tympan de Conques
Charlemagne

Louis le Pieux

Entre l'abbé et Charlemagne, se glisse un homme, assez jeune, (au nez arasé) qui croyons-nous, pourrait représenter Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, venu plusieurs fois sur place, et à qui Conques doit son rang d'abbaye impériale. Il est représenté avec le geste de la foi d'une main surdimensionnée.

Ce Louis, troisième fils de Charlemagne, intronisé roi d'Aquitaine par son père en 781, ne pouvait a priori prétendre à la succession impériale. Mais le sort en décida autrement, et après le décès de ses frères aînés Pépin et Charles en 810 et 811, c’est finalement à lui qu’échoit la couronne impériale en 814.
Louis 1er est sacré empereur à Reims en 816..
Il apporte son soutien à l'abbaye reconstruite par Dadon après les pillages des Sarrasins. A peine devenu empereur, il s’empresse d’ériger Conques en abbaye impériale en 819, en exécution du testament de Charles le Grand, qui avait déjà doté Conques en 804 : l'abbaye est ainsi placée sous la protection directe du monarque qui se rendra personnellement à plusieurs reprises à Conques.
Voué dès son enfance à la condition ecclésiastique, Louis sera élevé dans une atmosphère monacale. Sa politique est très favorable à l'Eglise, et il s'engage, à la différence de son père, à ne pas intervenir dans l'élection du Pape. Ce qui lui vaudra par la suite l’attribut de « Pieux », tant il parait humble et soumis devant l’autorité ecclésiastique.
L’abbaye manifestera sa reconnaissance trois siècles plus tard, lorsque l’abbé Bégon II fait réaliser en 1100 le fameux reliquaire dit « A de Charlemagne ».


Louis le Pieux ou le Débonnaire
Guillaume Court-Nez Guillaume faisant le signe de la foi

Guillaume de Gellone

Le personnageaux traits fins en arrière-plan de Charlemagne n’est pas une femme, comme il a été dit… Dans ce cas, le visage eut été voilé, comme le sont toutes les femmes des Demeures.
Or, ici, tête dénudée, coiffure soignée, il s’agit d’un jouvenceau d’une vingtaine d’années au plus. Le visage enjoué, il sourit. De la main droite il tient le deuxième volet des Tables de la Loi, en partenariat avec un autre moine soutenant l’autre volet du diptyque.

Il pourrait s’agir du Chevalier Guillaume de Gellone dit « Guillaume au Court Nez », cousin germain de Charlemagne, duc d'Aquitaine, comte de Toulouse, fondateur de l’abbaye de Gellone (que l'on nommera dès le XIIe siècle Saint-Guilhem-du-Désert) où il prit l’habit et devint abbé, après avoir été le tuteur de Louis le Pieux.
Guillaume est célèbre pour sa bravoure dans la cadre de la résistance à l’avancée des Sarrasins dans le midi, par exemple lors de la bataille de l’Orbieu ou la prise de Barcelone en 803. La blessure qu’il reçut au visage lui valut son surnom. Ses glorieux exploits militaires furent à l’origine du célèbre cycle épique de « Guillaume au Court Nez » d'où sortira le personnage de Guillaume d'Orange.
Louis étant fait roi d’Aquitaine à l’âge de quatre ans, Guillaume devint son tuteur, avec son ami Witiza, le futur Benoît d’Aniane, qui fut pour beaucoup dans la retraite de Guillaume à Saint-Guilhem-du-Désert en 806, où ce dernier mourra en odeur de sainteté. Entre temps, selon la chanson de geste de Guillaume d'Orange, Guilhem avait donné sa sœur Blanchefleur en mariage au jeune Louis. En 1066, il est canonisé sous le nom de saint Guilhem, méritant largement sa place au paradis de Conques. (2)

Louis le Pieux au tympan de Conques Guilhem, alias Guillaume Court Nez, cousin germain de Charlemagne

  SECTION EN CHANTIER 

La méthode apologétique des correspondances :

La théologie médiévale se fonde particulièrement sur la théorie des correspondances entre l’Ancien et le Nouveau Testament, au sein desquelles les figures et préfigures se répondent. Le procédé appliqué aux sculptures du tympan permet de donner aux personnages historiques une dimension spirituelle symbolique, porteuse d’une signification polysémique et adaptée à un but politique circonstanciel.
C’est ainsi que le trinôme carolingien du premier étage de la Marche de l’Eglise, Charlemagne (père), Louis (fils) et Guillaume (cousin germain), duplique symétriquement la trinité patriarcale d’Abraham (père), Isaac (fils) et Jacob (petit-fils), placée à l’étage des temps bibliques. Comme pour mettre les points sur les i, trois points verticaux gravés au-dessus de la tête d’Abraham signalent la direction et matérialisent la jonction entre la préfigure et la figure, selon les conventions graphiques de l’ars memoriae.

 

Charlemagne, deuxième roi réellement sacré (après l’invention du sacre par son père, Pépin le Bref), fut qualifié de son vivant de "Nouveau Moïse" et de " Nouveau Josias" pour avoir soumis le peuple franc à la loi divine, faisant des Francs le "nouveau peuple Elu", pour s’y être soumis lui-même, et pour avoir pris pour modèle (notamment dans son capitulaire admonitio generalis dicté en 789) le roi Josias, monarque du royaume de Juda qui restaura la Torah et le monothéisme, éradiquant le culte des idoles hébraïques.
On soulignera encore une fois la correspondance avec l’Ancien Testament où figurent et Moïse et peut-être Josias.


Louis le Pieux, il a reçu pour sa part le surnom de "Nouveau Théodose", pour rappeler qu’à l’instar de l’empereur romain, il fit acte de pénitence publique à Attigny en 822 pour obtenir de l’Eglise le pardon de sa cruauté (3).
Aux côtés de Dadon (le matricide) et de Charlemagne (intempérant notoire) (4), Louis est loin d’être un saint ; mais, malgrè ses péchés, sa piété, sa foi et sa soumission à l'Eglise lui valent de figurer trois siècles après sa mort parmi les Elus au paradis, à l'instar de ses condisciples, eux aussi grands pécheurs.

La Bible et l'évangile portés par les moines L'évangéliaire
Louis et les Tables de la Loi (survolez l'image pour visualiser les légendes)

Au XIIe siècle, Conques trouvait dans l’apologie de la dynastie carolingienne un thème parfaitement adapté aux temps nouveaux. Les Bénédictins qui excellent dans l’art des correspondances entre ancien et nouveau Testaments, ne se privent pas d’en établir entre leur temps présent et l’époque carolingienne.

- En Terre Sainte, un demi-siècle après la prise de Jérusalem en juillet 1099, les combats contre les Musulmans pour le contrôle des lieux saints se poursuivent (2ème croisade : 1147 - 1149) et font écho aux exploits d'un Guillaume contre les Sarrasins trois siècles plus tôt.

- A Rome, le conflit entre le Saint Siège et le saint-Empire romain germanique se solde par le Concordat de Worms (1122) et la soumission d’Henri V le Germanique qui mettent un terme la fin à la Querelle des Investitures et instaure une trêve (en fait toute provisoire) au bénéfice de la papauté. Dans ce contexte, les moines ont beau jeu de jeter au fond du Tartare les deux principaux artisans de ce conflit, les empereurs germaniques, Henri IV et son fils Henri V, tandis que, par antithèse, les deux empereurs d'Occident carolingiens (Charlemagne et son fils Louis) sont placés au paradis.

- Mais, la référence appuyée aux fondateurs de la dynastie carolingienne, trois siècles après leur disparition, résulte aussi en partie du contexte géopolitique, sinon d’un véritable calcul politique. En effet, trois ans après Worms, Henri V meurt et un changement dynastique s’opère au sein de l’empire germanique. La prophétie de sainte Foy, transmise par le "Revenant" Conrad Ier, se réalise : son petit-fils, Conrad de Hohenstaufen supplante les Saliens honnis par l’Eglise : sacré roi d’Italie en 1128, puis de Germanie en 1138, il se présente comme son fidèle serviteur du pape. Régnant jusqu’à sa mort en 1152 sous le titre de roi des Romains, il ne sera jamais sacré empereur. C’est son successeur, Frédéric Barberousse qui obtiendra ce titre dès 1155. 
Conques, qui depuis Bégon joue la carte des Hohenstaufen, ne peut que s’en réjouir ; et dans la perspective de ses bons rapports avec cette dynastie qui se réclame de la descendance de Carolus Magnus, s’empresse de présenter cet ancêtre sous l’image mythique d’un souverain conforme à l’idéal monastique. Serait-ce l’une des raisons de la coloration en bleu, couleur céleste, du manteau de Charlemagne, possiblement en référence à sa canonisation en 1165 et qui ne sera jamais ni confirmée ni démentie par l'Eglise romaine ?

Guillaume au Court Nez, alias Guillaume de Gellone, duc d’Aquitaine fourni quant à lui un bon modèle de seigneur fidèle serviteur de l’Eglise, respectueux de la foi jurée. Ce Guillaume aurait été un des compagnons de Charlemagne lors de l'expédition à Saragosse en 778, aux côtés de Roland, d'Olivier et de Turpin.(5) Les Bénédictins de Conques n’avaient-ils pas présent à l’esprit un grand seigneur contemporain, un autre Guillaume, son lointain successeur à la tête du duché d’Aquitaine ? (6)  Guillaume X, originaire de Toulouse, avait été excommunié pour avoir pris le parti d'Anaclet II (déclaré antipape à la suite d'un concile d’Etampes réuni par saint Bernard à la demande du roi de France en 1130), et qui, après avoir été "ramené à la raison" par le maître de Cîteaux lors de sa conversion à Parthenay en 1135, se fit sur la fin de sa vie ermite sous les injonctions de Bernard et mourut à Saint-Jacques-de-Compostelle en 1138. En tout cas, l’image de Guillaume au court nez, faisant ostensiblement le signe de la Foi, appelle la Chevalerie à respecter son serment de fidèlité à Dieu, et, partant, à l’Eglise. C’est un comportement courant qu’à la fin d’une vie aventurière, le grand seigneur guerrier se retire dans un monastère. On peut citer un autre exemple d’actualité avec Pons de Léras, ancien brigand notoire, qui vient juste de fonder l’abbaye cistercienne de Sylvanès en 1136. (7)

Les moines rouergats du XIIe s. ne manquaient pas d’exemples concrets et bien connus de leurs ouailles pour illustrer leur commentaire du tympan : l’histoire de Louis le Pieux, utile pour stigmatiser les querelles de succession renvoie inévitablement à la querelle qui oppose alors deux frères l’un évêque et l'autre comte de Rodez, qui ne sera réglée que par le respect des "communs de Paix", sous l'égide de l'archevêque de Narbonne en 1145-47. (8)

Apologie littéraire de la geste carolingienne :

A une autre échelle, bien au-delà des querelles d'héritage, de dévolution de couronne voire de succession dynastique, ou encore de la soumission du pouvoir temporel au pouvoir spirituel, on ne saurait négliger le rôle des Bénédictins dans la Reconquista et dans la genèse et la diffusion de nombreuses légendes et épopées à la source de la littérature épique et des chansons de geste. Le « Couronnement de Louis », le « Moniage de Guillaume » et tout le cycle de Guillaume au Court Nezla prise d’Orange », le « Charroi de Nîmes », etc.) en seront plus tard les parangons.
La jonction initiale entre les écrits littéraires à l’origine de la littérature épique française et leur incarnation dans le concret de l’époque se trouverait-elle en filigrane au tympan de Conques ? Il y a là un sujet de recherche.

N’oublions pas que nous sommes aussi au pays des troubadours occitans qui ont inventé l’amour courtois, au pays de Guillaume IX, duc d'Aquitaine, premier troubadour dans une société qui met le service de la Dame à la base de la relation sociale, dans la recherche du « fin amor ». Et que, dans le premier tiers du XIIe siècle, Douce de Gévaudan (~1090, ~1129), comtesse de Provence, vicomtesse de Millau et épouse du comte de Barcelone Bérenger le Grand, tient à Carlat, non loin de Conques, une cour célèbre pour ses troubadours.

Le bon seigneur...

« est si bien appris et instruit
qu’il sait trier d’amour le droit et le tort. »
« Mas hil es tant aprez et instruit
que sap tirar d’amor lo dreit e lo tort
. »

Ainsi s’exprime le troubadour Raimon Jordan, vicomte de Saint-Antonin-Noble-Val, en Rouergue.

Aux sources de la quête du Saint Graal :

Ce Guillaume au Court Nez représentait-il aussi à l'époque, à tort ou à raison, Kyot le Provençal, héros du Willehalm de Wolfram von Eschenbach ? Le Minnesänger écrit au début de son "Parzival" que les sources aujourd'hui disparues et qui avaient inspiré Chrétien de Troyes pour rédiger son "Perceval", seraient un manuscrit rédigé en arabe trouvé à Tolède par ce fameux Kyot, ou Guiot, un Guillaume qui s'exprimait en langue d'oc. (9)

En conclusion, on ne peut qu’admirer la maîtrise de l’art typologique par le maître du tympan, qui, incluant dans la Parousie du Christ, les mânes de Marie de Magdala, les fantasmes de Charlemagne et les germes des cycles carolingiens et arthuriens, réussit mille ans après, à éveiller et animer l’inconscient collectif de toute l’Europe.

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(1) Le pape légitime, Alexandre III, n'a formulé aucune objection lorsque son rival, l'antipape Pascal III canonise Charlemagne. Par la suite, l'Eglise n'a pas annulé cette décision. (remonter)

(2) Guillaume, duc d'Aquitaine, fils d’Aude (fille de Charles Martel et sœur de Pépin le Bref) et de Thierry Ier comte d'Autun, né vers 755, est nommé par Charlemagne comte de Toulouse en 790. Il est le tuteur du fils de Charlemagne, Louis, roi d’Aquitaine et futur héritier de l’empire sous le nom de « Louis le  pieux » dit aussi « le débonnaire », qui à titre d’exécuteur testamentaire de Charlemagne, érigera l’ancien monastère du Saint-Sauveur de Conques en abbaye impériale en 818, bien avant l’arrivée des reliques de sainte Foy.
Au XIIe siècle, Guillaume devient le personnage fondamental du cycle d’une geste comparable à celle de Roland : la chanson de guillaume et le cycle de Guillaume d'orange : chansons de lignage d’une grande famille féodale engagée contre les Maures ; célébration de l’honneur chevaleresque dans le cadre de la féodalité et de la foi chrétienne (voir notamment les gestes du « Charroi de Nîmes » et des « Aliscams ». La chanson de geste forge le mythe d’un héros glorieux d’exploits guerriers  : Guillaume au Court-Nez, alias Guillaume d’Orange qui combat les Sarrasins à Aliscans, à Narbonne, à Carcassonne et Barcelone en 803, ainsi qu’à Orange et à Rome. La geste raconte que Guillaume a affronté et tué le géant Corsolt pour sauver le pape menacé par Sarrasins à Rome combat au cours duquel le géant lui inflige une blessure au nez qui lui vaudra son surnom (une autre origine pourrait se référer à la forme de son nez aquilin, "al curb niès" en occitan. Cf. « Entre Histoire et épopée, les biographies de saint Guilhem » par Alice M. Colby-Hall in "La Grâce de l’abbaye de Gellone. Saint-Guilhem-le-désert",  la Nuée Bleue, Strasbourg, 2018, p. 60.)
A la suite de sa victoire, Guilhem épouse Orable, la fille de Desramé (Abd-al-Rahman II) souverain sarrasin de la ville provençale. Cette princesse se convertit sous le nom de Guibourg (Guibourc) et lui apporte en dot le fief d’Orange. Guillaume devient dès lors Guillaume d'Orange. (Voir sur tout ce cycle l’étude approfondie de Joseph Bédier, in Légendes épiques, recherches sur la formation des chansons de geste, T. 1 Le cycle de Guillaume d’Orange, Paris, H. Champion, 1914. Bédier y avance la thèse, reprise ensuite par de nombreux historiens, linguistes et philologues romanistes : Emile Mâle, Alfred Jeanroy, Jean Frappier, etc., selon laquelle la naissance de la littérature épique serait liée aux chemins de Compostelle, jalonné par les abbayes. L’abbaye de Conques y a probablement joué un rôle et quatre siècles plus tard son tympan roman en porte, semble-t-il, une trace qui confirmerait l’hypothèse de Bédier.)
En 804, sur l’instigation de Benoit d’Aniane, Guillaume fonde l’abbaye de Gellone, blottie au fond du val de Gellone et connue de nos jours sous le nom de Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault). Devenu veuf, il s’y retire en 806, avant d’y mourir en 814. La mémoire de Guillaume de Gellone est célébrée à Conques puisque son nom figure dans l’obituaire de l’abbaye.
Avec sa canonisation en 1066, l’abbaye de Gellone prendra le nom de Saint-Guilhem-du-Désert.
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(3) Louis a fait énucléer son cousin Bernard de Lombardie qui s’était révolté pour une querelle d’héritage (remonter)

(4) Les visions de l'au-delà n'ont pas toujours placé cet empereur au paradis. En raison de ses mœurs relâchées, de ses fréquentes infidélités, de ses multiples concubines et de la relation incestueuse, que dit-on, il a entretenu avec sa sœur, Charlemagne se voit puni et torturé, certes provisoirement, mais à titre de purgation par là où il a péché, selon le récit de la vision du moine germanique Wetti, au IXe s. rapportée par l'abbé de Saint-Gall, Walahfrid Strabon. Cf. Le Goff, op. cit. p. 160. (remonter)

(5) CfLe cor de Roland à l'église St. Amans de Rodez et la légende carolingienne en Rouergue, Jacques Bousquet, in Revue du Rouergue,  n°4, octobre-décembre 1956, Rodez, Carrère, p. 389 (remonter)

(6) Guillaume X d’Aquitaine (1099-1137) : fils du premier troubadour occitan connu, Guillaume IX, duc d’Aquitaine (1071-1127) et père d’Aliénor d’Aquitaine (remonter)

(7) Ginette Bourgeois et Alain Douzou, Une aventure spirituelle dans le Rouergue méridional au Moyen-âge, ermites et cisterciens à Sylvanès (1120-1477), Paris, Cerf, 1999. Sylvanès est une abbaye cistercienne située au pied du Larzac, dans le sud-Aveyron. (remonter)

(8) L'arbitrage de l’archevêque de Narbonne sera même approuvé par le pape. Les successions étaient souvent source de querelles, en raison de la coutume d’attribuer le fief et le quart à l’aîné. Cf. Frédéric de Gournay, Le Rouergue au tournant de l'an Mil. De l'ordre carolingien à l'ordre féodal (IXe-XIIe siècle), Rodez, Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron / CNRS / Framespa / Université de Toulouse Le Mirail, 2004 (remonter)

(9) "Il parait certain que Wolfram [d'Eschenbach] [...] a nécessairement utilisé d'autres sources que Chrétien [de Troyes] et ses continuateurs. [...] Ses références à Kyot (ce poète écrivant en provençal qu'il utilise) sont trop précises pour pouvoir être sérieusement mises en doute." Jean Marx, La légende arthurienne et le Graal, Paris, 1952, note 3 p. 206. De Wolfram von Eschenbach on pourra lire : Parzival, Aubier Montaigne, 1977 et Willehalm, Niemeyer Max Verlag GmbH, Tübingen, 1994. En lire plus (remonter)

 

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