Chronique (abrégée) de l'abbaye de Conques
Les origines | L'essor carolingien | L'expansion Xe XIe s. | L'apogée | Le déclin | La déchéance | La restauration |
L’abbaye de Conques est bâtie « dans un pays presque sauvage », à l’aplomb d’une faille géologique (1), et toute son histoire n’est que ruptures, encoches, chutes et renouveaux.
LES ORIGINES
L’origine de Conques remonterait aux premiers temps de l’Eglise
des Gaules, d’après la chronique monacale du XI et XIIe siècle.
La légende raconte que fuyant les persécutions romaines
du IVe siècle, quelques chrétiens se seraient réfugiés dans les versants inaccessibles de ces « gorges resserrées d'aspect sinistre » pour y vivre comme les ermites
du désert égyptien, de manière ascétique et solitaire.
Ils suivaient ainsi l’exemple de Paul de Thèbes et d’Antoine qui
marquèrent le temps des anachorètes. Saint Antoine,
considéré comme le « père de moines »,
jouissait d’un grand renom au Moyen-âge, et Conques a tenu à
marquer cet attachement à l’érémitisme originel en
le faisant figurer au tympan, et en revendiquant
la possession d’une relique de l’ermite Paul, "premier
anachorète" (selon saint Jérôme).
Finalement ces ermites épars dans « l'âpre désert
de Conques » se regroupèrent en communautés cénobitiques
sous l’impulsion de saint Pacôme, dont la règle institua
la première forme de la vie monastique proprement dite. Ce serait l'origine
du premier monastère de Conques. En 371 un millier de moines furent
massacrés par les païens. (2) Les cénobites
furent précipités du haut de la falaise du Bancarel dans le torrent
de l’Ouche le bien nommé, Ocha [prononcé oucho]
signifiant en occitan, hoche, brèche, encoche, entaille.
Confluent des gorges de l'Ouche et du Dourdou (affluent du Lot), dominé par le promontoire du Bancarel, vu depuis Conques : un "pays accidenté et pittoresque" selon le cartulaire de l'abbaye de Conques. |
La stèle élevée à
cet emplacement au XIIe siècle se rapporte probablement à
cette première tragédie.
Après ce massacre, le monastère est reconstruit, mais bientôt à nouveau détruit
lors des invasions barbares par les guerriers Francs menés par Théodebert
au cours du dernier tiers du VIe siècle. Malgré les
persécutions des Wisigoths ariens, le couvent renaît
une fois encore de ses cendres et prospère aux temps mérovingiens
: il sera fortifié et visité par Clovis. Au VIIIe s. le Rouergue et le Gévaudan sont parcourus par des incursions arabo-berbères (721) et a probablement accueilli des Chrétiens fuyant l'Espagne conquise par les Maures. Certains réfugiés auraient construit un petit oratoire à Conques. « Mais,
en 730, les Sarrasins n'y laissent ni une pierre debout ni un habitant vivant », écrit Gustave Desjardins. (3)
C’est dans ce contexte que se situe,
toujours selon les récits légendaires, l’épisode
de la capture de la mère du seigneur du lieu, le Sieur Dadon (Deo datus, Déodat en français. ~745 ~819), et de la perte de sa motte qui contrôle le confluent
de l’Ouche et du Dourdou aux pieds de l'actuel village de Conques. La
négociation s’engage du haut des remparts tenus par les Maures
:
- « Dadon, ton cheval contre ta mère !
- Mon cheval ? Jamais ! »
Dadon conserva sa monture et perdit sa mère. Peu après, il reprit sa motte et chassa les Sarrasins.
Soixante ans plus tard, en 785, saisi de remords, Dadon se fit ermite à Conques. En 801, le fils de Charlemagne, Louis
le Pieux (ou le Débonnaire) en route pour la Reconquista de la
Catalogne, construit au passage la première
voie qui mène à Conques, taillée à même le
roc de la « Vallée Rocheuse ». A cette occasion, Louis le Pieux, roi d'Aquitaine, remarque notre ermite et l'incite à poser la première pierre d'une église dédiée au Saint
Sauveur afin de fonder une abbaye bénédictine qui prend le nom de « Conquae », c'est à dire « Les
conques» au pluriel, terme qui désigne en latin de l’époque
« les absides». Le « s »
de Conques rappelle son étymologie latine et la référence
au grand nombre d’oratoires munis d’absides dont la conque résonnait des chants « comme des essaims d’abeilles sauvages
dans la montagne » (4). Pour marquer
son attachement au modèle érémitique primitif, le concepteur
du tympan de Conques, quatre siècles plus tard, plaça Dadon le
matricide repenti, fondateur légendaire de l'abbaye, en troisième position derrière
Marie et saint Pierre, incarnant ainsi une étape historique de la longue marche du Salut. Mais le soutien de Louis le Pieux au premier abbé de Conques inscrit surtout l'abbaye dans la geste carolingienne. (Page
précédente)
L’ESSOR DE
LA PÉRIODE CAROLINGIENNE (remonter)
L’expansion de l’abbaye correspond alors à celui des Carolingiens dont l’administration s’appuie sur les institutions religieuses
en dotant les abbayes de nombreux biens et reliques. Conques hérite par exemple d’une relique insigne, celle de la Vraie
Croix, offerte dit-on par Charlemagne, et pour laquelle sera confectionné le fameux "A
de Charlemagne", marquant selon les historiens, la primauté
de Conques parmi tous les monastères royaux. Trois siècles plus tard,en 1100, l'atelier d'orfèvrerie de Conques réalisera d'autres reliquaires pour conserver et présenter les reliques rapportées de Terre Sainte et offertes par le pape Pascal II.
Le statut d'abbaye impériale est accordé à Conques par Louis le Pieux devenu Empereur, en l'an 818, c'est à dire dès les premiers temps de sa fondation par Dadon.(5) L'abbaye
prospère ; bientôt on cherche même un nouveau site pour accueillir une abbaye plus vaste et surtout plus accessible : ainsi, Pépin Ier, roi d'Aquitaine, fils de Louis le Pieux,
favorise la fondation d'une abbaye filiale à Figeac, alors nommée
"Nouvelle Conques".
En 844, au début du mouvement de la Reconquista,
l'apôtre saint Jacques apparaît miraculeusement à Compostelle en Galice. Cet événement assurera bientôt l'essor de Conques.
LE CULTE DES RELIQUES
La puissance et l'attractivité d’une abbaye se mesurent au nombre
et à la qualité de ses reliques. Le culte des reliques va entrainer
l’essor des pèlerinages et la naissance d’un art sacré
nouveau, l’orfèvrerie des reliquaires.
Instrument de la pastorale, la relique joue un triple rôle, religieux,
social et politique :
- religieux, dans la mesure où la « présence »
du saint (par ses ossements, ses vêtements voire des objets ayant simplement
été en contact avec eux) relie le fidèle à l’histoire
universelle du Salut incarnée par la personne vénérée
;
- social, lorsque l’Eglise l’utilise pour moraliser les mœurs,
notamment pour imposer au seigneur local la « Paix de Dieu »
;
- politique parce que, pour sa part, la puissance publique -et celle des Carolingiens
en particulier- s’arroge le monopole de l’attribution des reliques,
créant ainsi un lien de réciprocité entre l’Eglise
et le roi.
Mais, parallèlement aux dotations officielles, s’établit
un marché actif, occulte et inavouable : le vol des reliques,
ou mieux, un élégant substitut bien pratique, la translation
miraculeuse.
La légende
La relique acquise à prix d’argent tombant à la fois sous
l’interdit de la simonie et sous le contrôle des prérogatives
royales, il ne reste plus qu’à masquer le délit sous l’apparence
d’une cause fortuite, merveilleuse, ou du moins involontaire comme par
exemple le don d’un voleur de passage. Pieuse supercherie qui nous vaut
un miracle littéraire qui fit flores au Moyen-âge : la
légende mirifique du moine dévot voleur de reliques. Stéréotype
littéraire, dont l’invention remonte à saint Jérôme,
qui le premier imagina ce conte pour échapper au verdict de mort selon
la loi romaine, pour toute translation illégale de sépulture,
ce qui fut le cas par exemple pour saint Hilarion de Gaza, instituteur de la
vie monastique, transporté de Chypre à Gaza par un moine dévot.
Parfois, l'opération échoue. C'est ce qui est arrivé à
Audaldus, moine conquois parti en 855 récupérer les reliques de
saint Vincent à Valence. Mais sur le chemin du retour, dénoncé
par sa logeuse, l'évêque de Saragosse les lui confisque. Qu'à cela ne tienne, notre moine se rabattra sur les reliques d'un autre saint Vincent, vénéré celui-ci à d'Agen. (Signalons au passage la version castraise de ce mythe : banni
de Conques pour son échec, ce bon moine se réfugie chez l'abbé de
Castres. Quelques 8 ans plus tard, il parviendra quand même à récupérer les
reliques retenues en Aragon et à les ramener à Castres où
les miracles accomplis par le saint assurèrent bientôt prospérité
et réputation. Quoi qu'il en soit, nous avons ici de beaux exemples de captations d'homonymes fréquentes à l'époque, les saints étant interchangeables.)
C'est selon un processus analogue qu'en l’an
de grâce 866, les reliques de sainte Foy "disparurent"
furtivement de l’abbaye d’Agen, puis réapparurent à Conques,
empruntées ou "volées" par un autre moine conquois
nommé Ariviscus, ainsi que le rapporte le récit de sa translation écrit au XIe siècle. L’histoire est probablement
un peu différente.
L’histoire
Entre 844 et 862 les Vikings menacent et pillent Agen et Toulouse. Les abbayes
aquitaines et languedociennes s’empressèrent alors de cacher leurs
reliques dans le massif Central, au fin fond des « montagnes du Rouergue [...] à l'abri de rochers sauvages et inaccessibles »(6). (Conques se trouve à proximité
du Lot, rivière navigable qui rejoint la Garonne près d'Agen,
180 km en aval) Il y a tout lieu de penser que les reliques de la fillette martyr
agenaise vinrent à Conques dans ces conditions, car l’abbaye d’Agen
non seulement n’intenta pas de procès en restitution, mais bien
au contraire, dota Conques. La renommée de sainte Foy n’avait alors
qu’une simple valeur locale en la ville d’Agen. Mais la Sainte manifesta
sa reconnaissance et son attachement à Conques en accomplissant ici une
série de miracles si prodigieux qu’ils allaient conférer
à l’abbaye rouergate un prestige international, véhiculé
aussitôt par la magnificence des émaux sortis des ateliers de l’abbaye
et le talent des écrits merveilleux calligraphiés dans son scriptorium.
Dès 883, l'abbatiale de Conques est dédiée à sainte
Foy, en complément de la première dédicace au Saint Sauveur,
très fréquente à l'époque primitive de l'Eglise
des Gaules.
L’EXPANSION : X - XIe Siècles, du Moyen-âge merveilleux à
la Renaissance romane (remonter) Trois événements retentissants établissent la renommée de Conques : 1) L'ouverture de la "via podiensis", itinéraire de pèlerinage du Puy à Saint-Jacques-de-Compostelle, passant par Conques, inaugurée par l'Evêque du Puy, Godescalc, en 950-951. Grâce à ce pèlerinage, Conques entretient des relations privilégiées avec la péninsule ibérique. Une chapelle est consacrée à sainte Foy dans le déambulatoire de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, bâtie au XIIe s. sur le modèle de l’abbatiale de Conques. Le culte de sainte Foy se développe non seulement en Galice, mais aussi en Aragon où Pierre 1er la choisit comme protectrice de son royaume, et en Catalogne. 2) L’érection de la sublime châsse de sainte Foy en Majesté en 960. N’est-ce pas braver l’interdit biblique des images humaines et retourner aux idoles païennes que d’oser introduire dans le temple, assise sur un trône, couronnée, sertie de pierres précieuses et de bijoux, l’effigie d’une personne, fût-elle martyre ? « J’ai cru voir Diane en personne », s’écrie, faussement scandalisé, l’écolâtre (i.e. Directeur de l'école épiscopale, venu 3 fois à Conques entre 1010 et 1020) Bernard d’Angers à la vue de sainte Foy en Majesté toute recouverte d’or et de pierreries ! Oser en l’an 960, statufier et vénérer un être humain à travers ce reliquaire-simulacre, c’était accomplir un bouleversement radical de la tradition au risque de rallumer la guerre des icônes. Heureuse audace, qui en dépit des interdits, introduit la sculpture dans l’art sacré de l’occident. Dès lors Michel-Ange devient possible. 3) La vénération populaire atteignit son point culminant lorsqu’en 1010 sainte Foy restitua ses yeux à Guibert « l’énucléé ». Ce miracle eut un tel retentissement que l'écolâtre Bernard d’Angers accourut à Conques, et, « converti » par l’accumulation des témoignages, il en entreprit la recollection dans le fameux « Livre des Miracles de sainte Foy » (1010-1020). Prototype et modèle du genre de récits « merveilleux » destinés à l’admiration, cet ouvrage contribua sensiblement à la célébrité et àl’expansion de l’abbaye. (7) |
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L’APOGÉE et l'œuvre de Bégon (1087-1107) (remonter)
La fin du XIe siècle est marquée par la rivalité de Conques avec les abbayes de Figeac et de Cluny. Figeac, filiale de Conques, prend en effet de plus en plus d'autonomie et cherche à se placer sous l'autorité de Cluny pour échapper au contrôle de l'abbaye mère. De longues batailles procédurales nécessiteront l'intervention du pape et alimenteront plusieurs conciles entre 1074 et 1097. Les arbitrages pontificaux tranchèrent en faveur tantôt de Conques (Bulle de Grégoire VII en 1084), tantôt de Figeac (Urbain II au Concile de Clermont en 1095). Finalement, le concile de Nîmes (1097) établit la séparation définitive des deux abbayes désormais indépendantes. A Conques, l'abbé Bégon III de Mouret prend la tête de l'abbaye jusqu'en 1107. Son abbatiat coîncide avec l'âge d'or de Conques : il réussit à retourner en sa faveur le pape Urbain II, et affranchit définitivement son abbaye de la tutelle clunisienne. Il fait réaliser un reliquaire en argent pour contenir les reliques de saint Vincent, communément appelé Lanterne de Bégon.
A partir de 1099, le pape Pascal II va richement doter Conques de reliques prestigieuses. C'est l'époque où l'atelier d'orfèvrerie de Conques, alors à son apogée, réalise le Reliquaire
de Pascal II destiné à recueillir les reliques les
plus insignes « de Cruce » et « Sepulcro », autrement dit, les reliques de la Croix et du tombeau du Christ, tombeau qui
vient d’être libéré en juillet 1099. Ainsi, moins
d’un an après la victoire, par cette donation papale, Conques reçoit
la relique la plus précieuse dont nous avons peine à saisir l’importance,
tant le succès de la Première Croisade fut un événement
eschatologique : dans l’euphorie de la victoire on crut vraiment que le
Christ allait incessamment revenir ; ce serait l'annonce de l'Apocalypse, suivie
de la Parousie !
La donation de Pascal II s’accompagnait
d’une bulle dérogatoire au droit commun, qui mettait sainte Foy
au canon de la messe, au même titre que les apôtres.
La possession des reliques, notamment celles de sainte Foy, est un atout précieux dans le cadre de la compétition entre abbayes : elles attirent de nombreux pèlerins venus chercher leur protection, et partant des ressources financières non négligeables. Le flux croissant des pèlerins entraine la nécessité de construire une nouvelle abbatiale, plus grande que la basilique du Xe siècle et mieux adaptée à l'accueil des pèlerins.
Les prédécesseurs de bégon, Odolric (1031 - 1065) et Etienne II (1065 - 1087) avaient lancé les travaux de construction de l'actuelle abbatiale inaugurant une architecture nouvelle avec une abside à déambulatoire. Conques représente le prototype des « églises de pèlerinage », après Saint-Martin de Tours et Saint-Martial de Limoges (détruites à la Révolution). Le modèle sera repris notamment à Saint-Sernin de Toulouse. Le déambulatoire passant derrière le chœur fluidifie la circulation des pèlerins, tandis que l’adjonction de bas-côtés et de tribunes permet d’élever la voute à plus de 27 mètres et d’ouvrir plus de 100 fenêtres, faisant désormais pénétrer la lumière au sein des églises romanes.
Le rayonnement des abbayes ne se limite pas à l'échelle locale : les grandes abbayes sont des agents d'une mondialisation.
La prospérité de Conques s'étend au-delà des frontières : de l’Espagne à l’Angleterre, de l’Allemagne au Moyen-Orient.
Conques bénéficie de la première croisade puisqu'elle possède un prieuré sur les rives de l'Euphrate, tandis que son expansion profite de la Reconquista ; à Barbastro, Pampelune, Westminster, Saint-Gall, Sélestat ou Bamberg, abbayes, prieurés, terres et autres possessions jalonnent l'expansion de l’abbaye mère.
-
En 1082, Pierre d’Andouque, moine de Conques, devient évêque de Pampelune en Navarre et construit l’hospice de Roncevaux, clé d’entrée en Espagne.
- En 1100,
Pierre d’Aragon place son royaume sous la protection de sainte Foy et
nomme justement un moine bénédictin de Conques, Pons (saint Ebons),
évêque de Barbastro (Aragon). Ce dernier offre à l'abbé
Bégon un remarquable reliquaire, le fameux autel
portatif, fleuron de l’émaillerie conquoise, encore
visible au Trésor.
-
En 1087, Hildegarde de Sélestat (Hildegard von Schlettsdadt), mère des Hohenstaufen, bâtit l'église Sainte-Foy de Sélestat et en fait don à l'abbaye de Conques. qui percevra les revenus de la ville.
Du côté de ces alliances germaniques, la chance sourit à l'abbaye : ses puissants protecteurs et donnateurs ont le vent en poupe : Frédéric 1er de Souabe, fils d'Hildegarde de Sélestat et de Frédéric de Büren,
fonde la lignée des Hohenstaufen et remplace le duc de Souabe. Son fils Conrad III de Hohenstaufen deviendra roi d'Italie en 1128, puis roi de Germanie et Roi des Romains dix ans plus tard. Son autre fils, Frédéric II de Souabe, sera le père de Frédéric Barberousse, empereur en 1155.
C'est, selon nous, sous l'abbatiat de Bégon III que le tympan est conçu pour le porche occidental qui reste à construire. Bégon en définit probablement le thème (la Parousie et le Salut) et la structure (le plan de la maison).
Les travaux de construction de la façade Ouest se poursuivent sous son successeur l'abbé
Boniface (1107-1125).
Le grès rouge du Rougier de Marcillac utilisé pour le
soubassement cède la place au "rousset", un beau calcaire
blond extrait sur le plateau de Lunel, à une dizaine de kilomètres au
Sud-Est de l'abbaye. (8)
Certaines parties du tympan sont réalisées au tout début du XIIe siècle. Mais, c'est notre hypothèse, sa réalisation sera provisoirement suspendue et ne reprendra que plusieurs décennies plus tard, une fois la grande crise bénédictine passée. (9) Voir la page consacrée à la datation du tympan mais aussi le complément sur le contexte de son élaboration.
LE DÉCLIN (remonter)
La roche Tarpéienne est proche du Capitole !
Au faîte de sa puissance, Conques va connaître un coup d’arrêt brutal et le début du déclin qui coïncide avec la réforme cistercienne.
Le prestige de Conques se fondait sur le culte des reliques, les pèlerinages et le recours à la sensibilité artistique pour sa pastorale : littérature (avec la Cançon de Santa Fe et le Liber miraculorum sancte Fidis), orfèvrerie (avec les reliquaires et les émaux), sculpture (avec le tympan et les chapiteaux), tout ce qui flatte les sens était mis au service d’une théologie miséricordieuse et proche du peuple.
Tel n’était pas l’esprit du chevalier réformateur Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux. Porté par le génie de son créateur, le courant cistercien allait saper les bases sur lesquelles Conques avait établi sa puissance.
Bernard de Clairvaux rédige son Apologie à Guillaume de Saint-Thierry (vers 1125, ou plutôt entre 1120 et 1123, selon l’historien Christopher Holdsworth).
Il y fustige l’ornementation des chapiteaux des cloîtres, le luxe des sanctuaires et rejette la magnificence des églises : « Parlons maintenant d'abus bien plus grands qui ne semblent moindres que parce qu'ils sont les plus fréquents. Sans parler de l'immense élévation de vos oratoires, de leur longueur démesurée, de leur largeur excessive, de leur somptueuse décoration et de leurs curieuses peintures, dont l'effet est de détourner sur elles l'attention des fidèles et de diminuer le recueillement. » (Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, chapitre XII . Lire le texte en ligne)
Sans aller jusqu’à remettre en cause le concile œcuménique de Nicée qui condamne en 797 l’iconoclasme, Bernard rejette les images figuratives, la sculpture, l’orfèvrerie car elles détournent l’attention et la méditation des moines. Il ne mâche pas ses mots : « [Nous] regardons comme du fumier, […] tout ce qui charme par son éclat, séduit par son harmonie, enivre par son parfum, flatte par son goût exquis, plaît par sa douceur, enfin tout ce qui fait plaisir aux sens » (ibid.)
Ce n’est peut-être pas tant la beauté qui l’irrite, que l’usage qui en est fait et les profits que l’on en tire : « Quand les yeux se sont ouverts d'admiration pour contempler les reliques des saints enchâssées dans l'or, les bourses s'ouvrent à leur tour pour laisser couler l'or. On expose la statue d'un saint ou d'une sainte et on la croit d'autant plus sainte qu'elle est plus chargée de couleurs. Alors on fait foule pour la baiser et en même temps on est prié de laisser une offrande » (ibid) A lire ces lignes, on tremble d’effroi en pensant à la somptueuse majesté de sainte Foy, toute recouverte d’or et de pierreries, joyau de l’art roman et du trésor ecclésiastique de Conques.
Le mouvement lancé par Bernard de Clairvaux remporte un vif succès. Partout se multiplient des abbayes filles de Cîteaux ou de Clairvaux qui essaiment à leur tour : par exemple, en Rouergue, pas moins de 6 abbayes cisterciennes sont fondées entre 1123 et 1167 (10), créant une redoutable concurrence pour Conques au sein de l'ordre de saint Benoît. Sans compté que les bénédictins n'ont plus le quasi monopole des ordres réguliers : au début du XIIes. de nouveaux ordres émergent : outre la réforme de Citeaux en 1115, apparaissent en 1119 les Templiers et Hospitaliers, suivis des Prémontrés, des Chartreux et des Grandmontains qui attirent chacun des vocations, souvent au détriment des Bénédictins traditionnels.
C'est précisément, curieuse coïncidence, l’époque où l'abbaye traverse une période troublée, car pendant trente ans, après la mort de Boniface en 1125, il n’y a plus d’abbé à Conques. Cette interruption laisse présumer un drame intérieur.
Dans ce contexte sismique, un tant soit peu teinté d'iconoclasme, il n’est impossible que la crise traversée par Conques soit liée à la question de l’érection du tympan.
Mais les questions esthétiques ne sont pas les seules causes du malaise et se superposent aux enjeux politiques et aux querelles pontificales.
Le climat se tend davantage en 1130 à la mort du
pape Honorius II, avec l'élection de deux papes soutenus par deux clans rivaux : Innocent II (soutenu par les Frangipani) vs Anaclet II (Pietro Pierleoni, soutenu par la majorité des cardinaux, des Romains, et par le roi normand de Sicile Roger II), mais à qui Bernard de Clairvaux reproche sa judéité.
Conques se serait-elle trouvée alors du côté d'Anaclet, soutenu également par Guillaume X, duc d'Aquitaine, et donc en rivalité avec le roi de France Louis VI le Gros et le redoutable
maître de Cîteaux ? Suger et Bernard de Clairvaux excommunient l'"antipape" Anaclet au concile de Reims en 1131. Le schisme durera jusqu'à la mort d'Anaclet en 1137. La même année, Conques, abbaye impériale depuis l'époque carolingienne, perd l’appui du roi de France. L’avènement de Louis VII en 1137 coïncide avec la cessation de toute dotation royale et par la suite, le remariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt fera passer la Guyenne dont dépend Conques sous la domination du roi d'Angleterre en 1152. Dès la deuxième moitié
du XIIe siècle, Conques commence à vendre ses prieurés.
Que devient le tympan rêvé par Bégon dans ce maelström de l'Histoire ? Si la construction de la basilique est achevée, rien ne prouve que son tympan le soit. Aurait-il pris du retard dans sa réalisation ou son installation ? Nous suggérons que la réalisation du tympan imaginé par Bégon au début du XIIe siècle ne sera reprise et achevée, qu'une fois la crise passée, dans le dernier quart du siècle. Une facture Nous donnons un certain nombre d'arguments pour étayer cette hypothèse. (Cf. la rubrique Datation du tympan)
Il semble par ailleurs que le tympan ait été déplacé probablement parce que trop exposé aux intempéries, placé sur le même plan que celui de la façade de son porche. Un nouveau porche est donc reconstruit et le tympan placé plus en retrait au fond de sa voûte actuelle. L’absence du trumeau et des piédroits qui devraient supporter le tympan serait-elle le signe de difficultés tarchitectoniques ou d'un quelconque désordre qui aurait entraîné l'inachèvement du portail ? La question reste ouverte. (voir chapitre 7)
LA DÉCHÉANCE(remonter)
Les siècles suivants, de la croisade des Albigeois à la Révolution
en passant par la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, ne font qu’infliger des cassures
: rupture de la civilisation romane avec la conquête du Languedoc, effondrement de la coupole romane (XVe s.), incendies (1571), pillages, sécularisation.
Dès la fin du Moyen-âge, les Routiers incendient la basilique en
1336 et en 1375 obligent les moines à se réfugier au village de
Lunel, tandis que les procès se multiplient avec les consuls de la commune.
Le Trésor Ecclésiastique ayant échappé aux pillards
sera cependant appauvri par la vente forcée de l’argenterie pour
payer la rançon de François 1er, en 1525. L’intrusion
du pouvoir central ayant pour corollaire la sécularisation de l’abbaye
en 1537 par l’évêque de Rodez sur réquisition de François
1er (11) : l'abbaye devient une Collégiale et les
Bénédictins cèdent la place aux chanoines séculiers.
L'incendie de l'église en 1568 par les protestants faillit entraîner
l'effondrement du chœur et des voutes de la nef. L'église perd son
clocher et ses tours de façade. Peu après, en 1571, les religionnaires particulièrement hostiles au culte des saints et des reliques tentent
de les détruire : l'église est saccagée. Emmurées
dans la basilique, elles échapperont à la destruction. Il n'est
pas impossible que ce soit plutôt à cette époque que certaines
inscriptions ont été effacées, dans le cadre d'un débat
théologique qui n'est peut-être pas encore clos.
Lors de la Révolution, les chanoines doivent abandonner la basilique,
l’école et l’hospice dès 1789. L'année suivante,
l’ancienne abbaye est vendue comme Bien National.
Le Trésor Ecclésiastique cependant échappera à la
réquisition grâce au dévouement risqué de la population,
qui cacha tous les objets sacrés. Le XIXe ajouta au martyrologe
des bâtiments la destruction du cloître en 1836 par l’architecte
départemental. Mais la basilique et le tympan furent « miraculeusement
» sauvés par Prosper Mérimée, inspecteur
des monuments historiques, de passage à Conques durant l'été 1837, qui fera classer Conques en 1840. Sous Napoléon
III, l’inspecteur Général Darcel inventoria
le très riche Trésor Ecclésiastique, remarquable pour la quantité et la qualité de ses pièces. En 1873, à l'instigation de l'évêque
de Rodez, le Cardinal Bourret, les Prémontrés de Saint-Michel
de Frigolet initient une première restauration monacale. Deux ans plus
tard, en 1875 les reliques emmurées sont redécouvertes. Le culte de sainte Foy est relancé. En
1878, un chantier de restauration est confié au jeune et brillant architecte
Jean-Camille Formigé (12). En 1883 le tympan est
démonté et remonté en 1886, badigeonné de blanc. Mais les lois d’exil de 1901
et les Inventaires de 1905 achevèrent ce que le temps n’avait pas
réussi à accomplir. Il fallut attendre le retour des Prémontrés
en 1920 pour qu’une restauration fût envisageable. Aujourd'hui,
le prieuré est animé par les Prémontrés directement
rattachés à l'abbaye de Mondaye.
Le portail de Conques, vers 1820, avec la statue de sainte Foy en guise de trumeau (source : Bouillet Servières) (Curieusement sur cette gravure, le bas-relief semble être placé sur le même plan que la façade extérieure du porche, et non renfoncé comme de nos jours. Erreur de dessin, illusion d'optique ou réalité ?) |
LA RESTAURATION (remonter)
En 1939, Camille Garnier réalise un moulage du tympan pour le musée des Monuments français (installé dans le nouveau palais de chaillot à la suite de l'exposition internationale de 1937, moulage toujours exposé à la Cité de l'architecture et du patrimoine). La restauration n'intervient qu'après la deuxième guerre mondiale. La notion de
patrimoine et de culture initièrent l’attention des pouvoirs publics
et de l’opinion. En 1958, sous la direction des Monuments Historiques
fut entreprise l’étude systématique et la valorisation du
Trésor Ecclésiastique, avec la reconnaissance de la fonction cultuelle
des reliquaires et des tapisseries consacrées à sainte
Foy et Marie de Magdala. La création
du Centre Européen d’Art et de Civilisation Médiévale favorise le tourisme culturel. Enfin, au legs du passé, les vitraux de Soulages ajoutent le don présent de l’art abstrait
et du jeu de la lumière à l’intérieur de la basilique,
renouant ainsi avec la tradition conquoise de la beauté au service du
Salut. A partir des années 1980, le renouveau des pèlerinages
rendit à l’abbaye sa vocation d’étape sur le Chemin
de Compostelle. Ainsi, le culte local de sainte Foy (13)
et du Saint Sauveur de Conques retrouve sa dimension universelle. Les failles
du passé s’ouvrent à nouveau sur des perspectives prometteuses
d’avenir. En 1998, la basilique de Conques, son tympan, ses reliques,
ainsi que le village sont classés au patrimoine de l'humanité
par l'UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au XXIe s. le tympan qui subit des altérations climatiques fait l'objet d'une numérisation laser en 2014. (Cf. l'infographie de l'Institut National d'Histoire de l'Art)
(1) Mme Dulac, dans son blog consacré aux lieux sacrés et à leurs rapports aux forces telluriques, affirme que « deux courants d'eau se croisent dans l'axe de la nef et du transept, et [que] deux failles se croisent sous l'autel ». (remonter)
(2) « Dans les premiers temps du christianisme, les montagnes du Rouergue auraient été une Thébaïde occidentale. Les solitaires étaient déjà si nombreux en 371, que les païens pouvaient, cette année, en massacrer un millier » récit légendaire cité par Gustave Desjardins, Cartulaire de l'Abbaye de Conques en Rouergue, Paris, Société de l'Ecole des Chartes, Alphonse Picard, 1879. (Voir l'article de Desjardins le cartulaire en ligne) (remonter)
(3) Gustave Desjardins, Essai sur le cartulaire de l'abbaye Sainte-Foy de Conques en Rouergue (IXe - XIIe siècles), Bibliothèque de l'école des chartes, 1872, tome 33, p. 254-282. (lire le texte en ligne) (remonter)
(4) Ermold le Noir. Ce poète de la cour de Charlemagne, qui n'est visiblement jamais venu à Conques, est à l’origine d'une étymologie du nom de Conques hasardeuse mais souvent reprise car poétique, imaginant une très aléatoire ressemblance du site avec celui d'une coquille (concha). (remonter)
(5) La donation de l'empereur Louis le Pieux datée de 819 est le plus ancien parchemin conservé en Rouergue (dépôt à la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron). (remonter)
(6) Préface de Sainte Foy, Vierge et martyre, Bouillet et Sevières, p. VIII. Voir aussi la chronologie publiée dans la base de données de Structurae (remonter)
(7) Liber miraculorum Sancte Fidis : les deux premiers livres des miracles de sainte Foy ont été rédigés par Bernard d'Angers, entre 1013 et 1020, en plein "moyen-âge merveilleux". Les troisième et quatrième livres le seront par Bertram, moine bénédictin de Conques, second de Bégon à la fin du siècle. Guibert était cet habitant d'Espayrac que de brigands avaient énucléé lors de son retour de pèlerinage à Conques, à qui la sainte rendit la vue. L'ensemble, publié par l'association des Amis de La Bibliothèque Humaniste de Sélestat, constitue un important document qui éclaire l'histoire des mœurs des XIe et XIIe siècles. (remonter)
(8) Contrairement au tympan monobloc de Moissac, le tympan de Conques est un assemblage de 24 blocs de calcaire, plus quelques fragments en grès rouge de Marcillac (la Lune et la moitié inférieure de l'ange qui porte les clous). Cette partie sommitale du tympan semble avoir souffert sans doute lors du déplacement du tympan. Une partie des ondes divines supérieures est en bois, stigmates de réparations très anciennes. Voir sur l'assemblage des blocs, la structure architecturale du tympan et les traces de polychromie l'infographie réalisée par l'Institut National d'Histoire de l'Art (INHA) (remonter)
(9) La datation du tympan de
Conques reste indéterminée et « varie d'un auteur à l'autre,
même si une majorité s'accorde pour le placer sous l'abbatiat
de Boniface, entre 1107 et 1125. » Jean-Claude
Fau, Conservateur des Trésors de Conques, in "Enfer et Paradis",
Cahiers de Conques n°1, Centre Européen d’Art et de Civilisation
Médiévale, 1995, p. 76. D'autres sources
situent la construction du portail vers 1130 - 1135.
On trouvera sous sa plume les indices qui permettent de penser que le maître
du tympan de Conques est également l'auteur du tympan de Saint-Jacques-de-Compostelle
: « Nombreux sont les auteurs à
avoir établi des rapprochements, entre la sculpture de Conques et celle
de Compostelle. Voir notamment :
- Paul Deschamps, Etude sur les sculptures de Sainte-Foy de Conques et de Saint-Sernin de Toulouse et leurs relations avec celles de Saint-Isidore de Léon et de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans Bulletin Monumental, 1941, p. 239-264 ;
- Christoph Bernoulli, Die Skulpturen der Abtei Conques-en-Rouergue, Bâle, 1956 ;
- Jacques Bousquet, La sculpture à Conques aux XIe et XIIe siècles, Lille, 1973, t. 2, p. 573-595 ;
- Marcel Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques : de Conques à Compostelle, Mont-de-Marsan, 1990, p. 350. » (J.-C. Fau, ibid. p. 74)
Voir aussi l'article de Lei Huang, Le Maître du tympan de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques : état de la question et perspectives, Etudes Aveyronnaises, Recueil des travaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, 2014, p. 87-100. On peut désormais consulter aussi sa thèse de doctorat (2018) accessible en ligne. Lire aussi l'article de Marcel Deyres qui penche pour une datation vers 1130-1135 et avec un achèvement vers 1140-1145. Il remarque plusieurs détails qui révèlent un style roman tardif (mouluration des colonnettes des arcades du paradis agrémentées de tores, fleurons à pétales recourbés des pentures de la porte du paradis...) Marcel Deyres, "Le portail occidental de Sainte-Foy de Conques", in Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1969-1971, Séance du 4 juin 1969, p. 194-202. (Texte en ligne)
Arthur Kingsley Porter, professeur d'Histoire de l'art à Harvard date le tympan des troisième et quatrième décennies du XIIe s., après 1134. (cf. "Romanesque sculpture of the pilgrimage roads", Boston 1923. Lire en ligne)
Pour notre part, nous suggérons une autre hypothèse : le tympan pourrait avoir été commandé et son canevas conçu à l'époque de Bégon III (1087-1107), mais sa confection aurait pu prendre beaucoup de retard, et n'être achevé que plusieurs décennies plus tard, voire dans la seconde moitié du XIIe s., comme semblerait le suggéré une facture dans un style pré-gothique. C'est précisément à cette époque que l'on constate dans toutes les archives une lacune dans la succession des abbés entre 1125 (à la fin de l'abbatiat de Boniface, successeur de Bégon III) et 1154 (début de l'abbatiat d'Odon). Cette interruption longue de trente ans serait-elle révélatrice d'une profonde crise interne à l'abbaye, et serait-elle en partie responsable d'un retard pris dans l'exécution du tympan ? Certains détails (Charlemagne au Paradis, le quarteron d'antipapes) pourraient même plaider pour une datation à l'époque de Frédéric Barberousse, entre 1165 et 1190. En savoir plus sur la datation (remonter)
(10) Liste des six abbayes cisterciennes du Rouergue : Loc Dieu en 1123 ; Silvanès en 1132 ; Beaulieu en 1144 (l'abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, aujourd'hui dans le département du Tarn-et-Garonne, a été fondée par Bernard de Clairvaux lui-même lors de ses voyages mouvementés en Guyenne et Languedoc) ; Nonenque en 1146 ; Bonneval en 1147 et Bonnecombe en 1167. (remonter)
(11) Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, Abbé Jean-Joseph Expilly, Amsterdam et librairie Desaint & Saillant, Paris, 1762-1770, vol. 2 p. 453 (remonter)