De gauche à droite : Zacharie et Melchisédech
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Deux têtes couronnées, qui incarnent
parfaitement l'expression biblique "Peuple de prêtres,
peuple de rois" (Ex 19 : 6), marquent chacune une étape importante de l'Histoire du Salut.
Melchisédech et Zacharie portent ensemble un Calice. Sacrifice, couronnes,
ciboire et palme du martyr, autant de signes qui indiquent que ces
deux personnages incarnent une préfiguration
du Messie chrétien, roi des Juifs et agneau pascal offert
en sacrifice pour le Salut des Hommes.
Melchisédech,
le roi charitable de Salem (future Jérusalem)
est le prêtre du Dieu Très-Haut,
qui apporta à Abraham du pain et du vin en lieu et place du sang d'animaux sacrifiés (Gen 14 : 17-20). Son nom évoque la figure d'un roi de Justice et de Paix, assimilé au Fils de Dieu nous rappelle l'épître aux Hébreux (He 7 : 1-3). En cela il constitue une préfigure du Christ, "prêtre selon l'ordre de Melchisédech".
Zacharie, représenté avec la palme du martyr. C'est un bon exemple de polysémie car sous ce nom se profilent et se confondent plusieurs personnages bibliques, prophètes, grands prêtres ou proches de rois, assassinés dans le Temple entre le IXe siècle avant JC et le Ier de notre ère et dont souvent le sang indélébile resta longtemps visible dans la pierre :
- Zacharie, fils du Grand Prêtre Joad (fin IXe siècle avant JC) , lapidé sur le parvis du Temple par ordre du roi Joas dont il dénonçait l'idolâtrie (2 Ch 24 : 17-22)
- Zacharie, fils de Barachie, personnage de l'Ancien Testament (Isaïe) vivant vers 732 avant JC, assassiné entre le sanctuaire et l'autel par les sbires de son gendre Achaz, roi de Juda (Mt 23 : 35 ; Lc 11 : 50-51)
- Zacharie,
fils de Barachie fils de Iddo, prêtre, prophète et auteur présumé du Livre de Zacharie qui vivait à l'époque de Darius 1er vers 520 avant JC (Za 1 : 1 ; 7 : 1)
- Zacharie, fils de Bariskaios, prêtre du Temple, assassiné dans le temple par ordre d'Hérode le Grand, comme le sera son fils, Jean Baptiste, par Hérode Antipas (Lc 3 : 2) (1)
Il est question enfin d'un autre Zacharie, lui aussi victime d'une mort violente, un roi d'Israël,
fils de Jéroboam, assassiné peu après sa montée sur le trône par Shellum qui lui reproche son impiété, et qui pour cela ne saurait être considéré comme martyr.
Enfin, le jeu de la polysémie n'interdit pas de suggérer sous une des têtes couronnées une référence à Josias, roi de Juda, qui lutta au VIIe s. contre le culte des idoles (déesse Ashéra, veau d'or, prostituées sacrées... cf. 2 R 23 : 4-7) et qui fut mortellement blessé à la bataille de Megiddo (Armageddon). On pourrait aussi évoquer un autre Josias,
le scribe décapité avec l'apôtre Jacques de Zébédée, etc.
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(1) Ce prêtre Zacharie conclut l'Histoire du Salut vétérotestamentaire par la similitude de sa paternité avec celle d'Abraham : âgé, époux d'Elisabeth qui était restée stérile, Zacharie reçut la visite de l'ange Gabriel qui lui annonce la venue d'un fils, destiné à préparer le chemin du Seigneur et qui se serait appelé lui aussi Zacharie si Elisabeth n'avait pas insisté pour qu'on le nommât Jean, conformément à la prophétie de Gabriel. Il assure aussi la transition vers le Nouveau Testament : Jean, annonçant évidemment la venue de son cousin, Jésus. Ce jeu de correspondance entre l'Ancien et le Nouveau Testaments est fréquent dans ce tympan, comme dans l'ensemble de l'art roman ou gothique. |