Au registre médian, une longue procession d'élus progresse vers le Christ. Les 13 personnages de cette cohorte, debout, le visage presque de trois-quart profil, sont emblématiques et soigneusement choisis pour marquer les jalons révélateurs de l'Histoire du Salut.
Cette frise est en fait composée de trois ensembles d'acteurs.
L'élément pivot, c'est l'Abbé
de Conques reconnaissable à sa crosse pastorale.(1) Il personnifie la présence immédiate et perpétuelle de l'abbaye. Allégoriquement, il représente tous les abbés de Conques (passés,
présents et à venir), mais aussi tous les Bénédictins voire
tous les ordres monastiques.
Devant lui, en tête de cortège, trois personnages de plus grande taille se présentent presque de face.
-
La Vierge Marie, mère de Jésus edt Mater Ecclesiae depuis saint Ambroise, ouvre la voie. C'est la plus proche du Christ, par le sang et par l'esprit.
- Elle est suivie de saint Pierre,
fondateur de l'Eglise,(2) vêtu du pallium (3) et détenteur de la clé du paradis.
-
Derrière lui nous fait face Dadon, l'ermite à l'origine de la fondation du sanctuaire
de Conques, les mains appuyées sur son bâton en forme de Tau (symbole de l'érémitisme). Ce n'est pas un saint, il ne porte pas d'auréole (cf. la chronique de l'abbaye), mais tous trois sont largement baignés par d'amples ondes divines qui symbolisent l'Esprit Saint.
A l'autre extrémité de la colonne des élus s'avancent quatre personnages de plus petite taille dont le style trahit une facture plus ancienne.
- Qui donc est cette femme, tout au bout à notre gauche, la dernière à l'extrémité de la file ? C'est une sainte, auréolée, voilée, comme il se doit, toute menue, presque accroupie, qui semble partir à l'envers.
C'est Marie de Magdala. On la reconnait à ses genoux fléchis, dans une attitude recroquevillée souvent représentée à l'époque romane (comme à Saulieu ou à Autun), et surtout à sa position retournée : elle a les pieds tournés vers l'arrière de la procession, mais son visage se retourne vers le Christ. C'est une allusion explicite à son “retournement”. Personnage fondamental de la fondation du christianisme, Marie de Magdala, est l'Eve Nouvelle et l'Apôtre des Apôtres. (4)
Avec la Vierge Marie, ce sont
donc deux femmes fortes, témoins directs du Christ ressuscité,
qui encadrent la procession. (Cela nous dit quelque chose sur la place que les Bénédictins reconnaissaient alors aux femmes dans l'Eglise, en phase avec l'œuvre de saint Bernard, grand initiateur du culte marial au XIIe s.)
- Devant elle se tient sainte Foy, la fillette de treize ans martyrisée au IVe siècle pour avoir refusé de renier sa foi. Originaire d'Agen, ses reliques ont connu une "translation furtive" au IXe s., vers Conques, ce qui les plaçait hors d'atteinte des razzias normandes et assurera la prospérité de l'abbaye. On la reconnait à son geste de la main, signe de la foi et à sa palme de martyre. (Consultez les rubriques pour en savoir plus sur son sacerdoce et sa liturgie à Conques)
- Elle est précédée par saint Antoine le Grand, ermite du désert égyptien, mort en 356, représenté avec son bâton et ses genoux cagneux, comme pris d'un tremblement.
- Enfin, le quatrième personnage est
saint Jérôme, moine originaire de Stridon mort en 420, désigné
par son phylactère (encore lisible à l'époque de l'archéologue August Bouillet).
Le dernier groupe, sur le panneau central, concerne le pouvoir politique et plus précisément la vision idéale que se fait l'Eglise de ses rapports avec lui. Question centrale et épineuse, c'est une des clés majeures de lecture du tympan, nous y reviendrons souvent. Notre hypothèse soutient que l'exemple choisi est celui de la dynastie carolingienne, érigée comme modèle.
Parmi les cinq représentants de ce groupe, on reconnait :
- Charlemagne, sacré empereur à Rome le jour de noël de l'an 800, bienfaiteur légendaire de l'abbaye, parvint à reconstituer l'empire romain d'occident. On l'identifie à sa barbe fournie et à son sceptre dynastique fleuri jaillissant du globe impérial. Bien sûr, il symbolise aussi tous les souverains, princes, rois ou empereurs.
-
Il est (probablement) encadré par son fils, Louis le Pieux (Louis 1er), roi d'Aquitaine
puis Empereur d'Occident, également protecteur de l'abbaye à qui il accorde le statut d'abbaye impériale en 818.
- enfin, nous suggérons la présence d'un héro de la geste carolingienne, Guillaume de Gellone dit Court nez,
petit-fils de Charles Martel et cousin germain de Charlemagne.
Cette
triade de puissants héros guerriers peut surprendre au sein de la cohorte
des élus. La présence du profane au coeur du sacré montre que les élus ne sont pas exclusivement des saints ou gens d'Eglise. Au-delà de leur soumission à l'Eglise,
leur présence mythique répond à une intention délibérée
qui s'inscrit dans le contexte à la fois politique et littéraire
de la construction du tympan et que nous exposons à la rubrique
du mythe carolingien. (sous-rubriques Charlemagne, Guillaume
de Gellone, Louis
le Pieux, mythologie...)
Ces héros carolingiens sont du reste suivis de près par deux clercs qui symbolisent l'influence
de l'Eglise aux côtés des puissants, en particulier à travers les ordres réguliers, tel
celui de saint Benoît auquel appartenait alors notre abbaye. Le premier
moine présente, posé sur un tissu, un Evangéliaire,
reconnaissable à sa reliure. Le second porte les Tables
de la Loi manifestant ainsi la continuité entre l'Ancien
et le Nouveau Testament, jalons essentiels du chemin vers le Salut.
(En lire plus sur la représentation de la Torah et de la Bonne Nouvelle).
Finalement, nous avons là encore, une trouvaille de l'ars memoriae. Cette frise est en effet organisée chronologiquement, de part et d'autre de l'abbé, pivot central qui incarne le présent et symbolise la permanence de la fonction abbatiale. Nous avons sous les yeux un véritable calendrier monacal qui court du début de l'ère chrétienne
jusqu'au temps présent (à savoir le XIIe siècle) : c'est le temps de la pérégrination.(5)
L' ALMANACH MONACAL OU LA LIGNE DU TEMPS DU CHRISTIANISME
|
|
Marie de
M. |
|
|
|
|
|
l'Abbé |
|
|
Marie |
Date |
JC |
303 |
356 |
400 |
|
800 |
XIIe s. |
750 |
64 |
JC |
|
Présent |
|
La procession des élus néotestamentaires ou le calendrier monacal de l'Eglise en marche vers le Salut
(survolez les personnages pour afficher les légendes) |
On retrouve là un des fondements méthodologiques de Hugues de Saint-Victor qui établissait une grande partie de la connaissance sur l'étude de l'Histoire.
Avec ce tympan, c'est toute l'Histoire du Salut qui est retracée.
Par exemple, les quatre premiers personnages du côté gauche représentent concrètement les quatre premiers temps de L'Église.
Ces quatre saints
correspondent en effet à une typologie allégorique qui décompose le temps
des premiers siècles paléochrétiens en quatre périodes
:
- le temps des disciples (Marie de Magdala, “apôtre
des apôtres”, “Confesseur de la Foi”. ;
- le temps des martyrs (sainte Foy, martyrisée en 303) ;
- le temps
des anachorètes (saint Antoine) ;
- et enfin le temps des Pères de L'Église (saint Jérôme).
L'ensemble constitue l'âge de l'Eglise primitive, qui va, dit-on, de saint Jean Baptiste à l'empereur byzantin Zénon, mort en 491. Ces cinq siècles correspondent grosso modo à l'antiquité chrétienne de 0 à 500. (6)
La gestuelle est significative (symbolique essentielle à laquelle nous consacrerons un chapitre) : Louis le Pieux -dont la politique fut beaucoup plus favorable à l'Eglise- fait ostensiblement le geste de la foi. Et surtout, Charlemagne, légèrement voûté, se laisse guider par la main de l'Abbé.
L'image de la primauté du spirituel sur le temporel est claire. Nous sommes bel et bien dans l'époque du "Diable enchaîné" qui coïncide avec le millénaire médiéval des historiens de la fin du Ve siècle à celle du XVe.
Charlemagne guidé par l'abbé
|
Louis le Pieux faisant le geste de la foi |
Un autre geste doi retenir toute notre attention :
SUFFRAGES* ET PURGATOIRE*
Marie, “Mère de
l'Eglise”, “advocata nostra”, est représentée
mains jointes, les doigts effleurant les ondes
de la mandorle de son fils. En position d'orante,
elle intercède manifestement auprès
de son fils.
Et pour qui, sinon pour les morts, en faveur de la délivrance des
éprouvés des Tartares* ?
Cette intercession suggère bien qu'il ne s'agit pas d'un Enfer
définitif avec ses pécheurs damnés pour l'éternité.
Car si c'était le cas, à quoi pourrait bien servir cette prière
? (Elle serait bien inutile en effet pour les damnés irrémédiablement
condamnés à l'enfer éternel et superflue pour les
saints et élus déjà sauvés. Elle ne peut s'adresser
qu'aux pécheurs rédimables, ce qu'on appelera plus tard les "âmes du Purgatoire".)
Les historiens ont montré que le développement du culte marial avait
pour corollaires la naissance du Purgatoire*, et la théorie
des suffrages* des saints. |
Saint Pierre (avec sa clé et son pallium
) et Marie orante |
La Vierge Marie orante : ses mains indiquent qu'elle intercède auprès
de son fils en faveur des éprouvés du Tartare. ©
|
Tous les élus placés dans les Demeures paradisiaques sont loin d'être tous irréprochables.
Plus de la moitié d'entre eux ne porte d'ailleurs pas d'auréole ! (7) Le paradis
n'est sont donc pas réservé aux seuls saints, bienheureux
ou martyres...
Sans parler de Marie de Magdala, qui à nos yeux, ne saurait être confondue avec la “pécheresse” anonyme (voir note 4), on trouve parmi eux un renégat (saint Pierre), un matricide (l'ermite Dadon) (8), et
même un intempérant incestueux (9)
notoire (Charlemagne) ! Certains sont loin d'être des saints, et
cependant ils sont tous sauvés, parce qu’ils ont
cru. Ces pécheurs ont soit bénéficié
de la grâce lors de leur jugement particulier* (à l'instar du Bon Larron), soit ont déjà
été restaurés*, justifiés*, par le feu purgatoire.
On notera la distance qui sépare le texte (théorique) des
illustrations (la réalité concrète) : en effet, trouver
parmi les chastes (CASTI) et les pacifiques (PACIFICI)
un personnage tel que Charlemagne peut laisser songeur... Pourtant, les
Bénédictins du XIIe s. ne doutent pas que ce
roi franc soit à sa place au paradis pour sa piété
et sa loyauté envers l'Eglise. (Du moins, ils n'auraient probablement pas désapprouvé la méthode Coué !)
Si les inscriptions rappellent la Loi et sa sévérité,
les images gravées dans la pierre et la rétine du pèlerin
illustrent une réalité différente, où la grâce
accomplit la miséricorde : cette grâce elle-même est
visible, matérialisée par les ondes célestes qui
baignent la procession des élus.
Cette cohorte progresse en tout cas sous la protection de toits
formés par les phylactères portés par les anges : ces phylactères portent comme inscription des vertus théologales qui les inspirent. (en savoir plus sur ce toit vertueux)
(Haut
de la page)
L'ÉCOINCON DE SAINTE
FOY
Sainte
Foy effleurée par la main de Dieu
Survolez l'image pour identifier les signes symboliques
Il y a un espace particulièrement riche au cœur des Demeures paradisiaques : c'est l'écoinçon de sainte Foy. Cet
espace triangulaire, "cunéiforme", est consacré à la fillette
martyre dont le culte (très populaire), le pèlerinage
et la dévotion portée aux reliques jouent un rôle essentiel dans la notoriété de Conques
plusieurs siècles avant de l'érection du tympan.
Ici, tous les grands thèmes du tympan sont condensés sous
forme allégorique : la continuité des Ecritures, la foi,
le salut, le sacerdoce, l'Eglise. Nous avons résumé au chapitre
précédent les quatre sens d’interprétation
de cet écoinçon d'une grande densité sémiologique. L'importance de cet espace est telle que nous devons consacrer à son décryptage une page à part entière. A ne pas manquer. Une autre page est également dédiée à sainte Foy, personnage fondamental pour Conques.
LE JEU DES BÂTONS
Cette Eglise en marche du temps présent est solidement ancrée sur Terre, ici et maintenant : elle progresse sur un sol que l'on a pris soin de représenter, posé au-dessus même du le linteau de séparation des registres (qui sert de titulus). La
procession pérégrine sur la voie royale qui mène au Christ : elle
manifeste résolument sa fonction sacerdotale, rythmée
par le jeu des bâtons : bâton pastoral de saint Pierre (10),
bâton carré de pèlerin de saint jacques (ou saint Antoine), bâton cantoral en forme de “T” de l'ermite Dadon et crosse épiscopale de l'Abbé.
Le jeu des bâtons pastoraux (survolez
l'image pour identifier les personnages)
|
Saint Pierre mérite une mention
particulière. L'apôtre Simon, fondateur de l'Eglise est le
guide spirituel de la communauté des fidèles. C'est à
lui qu'est d'abord consacrée l'église abbatiale de Conques.
Par ses écrits, notamment ses deux épîtres, il semble
avoir directement inspiré le concepteur du tympan. Nous relevons
plus d'une dizaine de correspondances étroites entre le livre
de pierre et le texte de Pierre. (en
savoir plus)
Tout, dans la Cité de Dieu, converge
vers le thème du Salut*. Tout
y fait sens : les personnages, les signes, l'ordre et la construction
géométrique.
Ainsi le registre du Nouveau Testament est clairement encadré par les quatre catégories traditionnelles de saints médiévaux : les Vierges avec la sainte Vierge, les apôtres avec saint Pierre placés aux côtés du Christ, les martyrs, avec sainte Foy et les Confesseurs , avec sainte Marie de Magdala à l'autre extrémité.(11)
Autre exemple, les lignes brisées des toits des arcades hiérosolymites et celles des phylactères
des anges protègent ; les arches soutiennent et relient ; les lignes horizontales, verticales et obliques indiquent des directions, le sens de l'histoire ou les
correspondances ; les coins assurent les transitions...
Rien n'est livré au hasard, jusqu'aux proportions
accordées aux personnages et à la surface consacrée
à la Cité de Dieu, visiblement
supérieure à celle des Tartares. Si bien qu'on peut se demander
comme le fait Jacques Le Goff en conclusion de son ouvrage sur le Purgatoire
« si l'élément moteur du système [du
Salut] n’a pas été le paradis » ? (12)
Passons
maintenant du côté des Tartares.
Chapitre
suivant : 5) Les Tartares
(1) Cet abbé, qui tient sa crosse d'une main et Charlemagne de l'autre, est identifié par Yves Christe comme étant saint Gilles, l'ermite devenu abbé bénédictin et qui avait absous Charles Martel de son péché d'inceste. (cf. Jugements derniers, Zodiaque, 1999, p. 181). L'hypothèse est plausible d'autant plus que la tradition populaire confondait souvent Charles Martel et son petit-fils Charlemagne, non moins incestueux. Mais nous préférons voir ici une allégorie générale représentant sous la pérennité du titre et de la fonction tous les abbés bénédictins, en premier lieu celui de Conques, qui exercent un rôle modérateur sinon directeur envers les puissants. (remonter)
(2) Matthieu relate la primauté de Pierre, choisi par Jésus à Césarée de Philippe pour fonder son Eglise : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : ce que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié... » (Mt. 16 : 18-19). Saint Pierre joue bien sûr un rôle fondamental
dans l'inspiration théologique du tympan qui semble s'appuyer littéralement
sur ses deux épîtres. En savoir plus sur les 11 correspondances entre le tympan et son épître. (Remonter au texte)
(3) Le pallium qu'il revêt est l'ornement sacerdotal chrétien réservé aux Papes et aux Primats. (remonter au texte)
(4) Voir les 3 pages qui sont consacrées à Marie de Magdala : sur son retournement (geste qui symbolise la conversion du regard judaïque - voire païen - sur le Messie), son culte, ses reliques et les tapisseries à Conques, et sur la méprise injuste dont cette Eve Nouvelle est encore victime de nos jours. (remonter)
(5) On notera une structure spatio-temporelle strictement inverse de celle
de l'Ancien Testament à l'étage inférieur.
Dans les Limbes, le personnage central, Abraham, père des Elus,
marque les temps les plus reculés, et de part et d'autre, les personnages
sont classés par ordre chronologique du plus ancien au plus récent au fur et à
mesure qu'ils s'éloignent du patriarche originel. Aux deux extrémités,
Marie de Magdala d'un côté, Ezéchiel de l'autre, occupent
une position charnière qui assure la transition vers le temps du christianisme.
En revanche, dans la procession des temps nouveaux, l'axe central, situé précisément
à l'aplomb d'Abraham, est occupé par le Père Abbé
qui incarne le temps présent.
Les autres personnages sont classés chronologiquement mais dans
une symétrie inverse, du plus récent au plus ancien vers
la droite comme vers la gauche. Ici, ce sont Marie de Magdala et la Vierge Marie qui, à chaque extrémité,
jouent le rôle de transition. (remonter au texte)
(6) Ce
calendrier monacal fait écho à un autre calendrier dans lequel il s'insère et que nous
pourrions appeler eschatologique : ce calendrier jalonne toute l'histoire messianique, détaillant la progression
par étapes, du temps de la Loi de Moïse à celui de la Foi pour aboutir à la “Fin
des Temps”. Ce calendrier distingue 7 périodes
successives d'environ mille ans : d’Adam à Noé, de
Noé à Abraham, d’Abraham à Moïse, de Moïse
à Jean Baptiste, de Jean Baptiste à l'empereur Zénon, de Zénon
à Charlemagne, et enfin de Charlemagne au temps présent qui annonce
l'Apocalypse et la Parousie. Selon saint Augustin, ces sept âges de l'Histoire correspondraient aux
sept jours de la Création.
Comme le calendrier hébraïque détermine à 6
000 ans la durée du monde répartie sur les sept jours en
partant de 0 pour Adam, la “fin du monde” selon la
gématrie kabbalistique est prévue pour l’an 2240 du
calendrier chrétien. Selon la même méthode de la numérologie,
le nombre de 2240 donne le chiffre 8 (2+2+4+0) qui correspondrait au huitième
Jour, celui qui n’aura pas de fin, celui de la vie éternelle.
(Coïncidence a posteriori, le dernier mot de l’admonition
finale des inscriptions, FUTURUM, se termine par une lettre onciale, un
« M »
ressemblant à un 8 couché, qui évoque le signe pourtant
plus récent de l'infini... voir
une illustration). De
quoi alimenter les spéculations plus ou moins ésotériques
des "millénaristes" ! (remonter au texte)
(7)
Parmi les 7 personnages situés entre saint Pierre et saint Jérôme
(à savoir : Dadon, l'abbé, Louis
le Pieux, Charlemagne, Guillaume de Gellone et les 2 moines), aucun n'est porteur du nimbe de la sainteté.
Tout pécheurs qu'ils sont, leur foi les sauve, à l'instar du bon larron. (Lc 23 : 43) (Remonter
au texte)
(4) Voir les 3 pages qui sont consacrées à Marie de Magdala : sur son retournement (geste qui symbolise la conversion du regard judaïque - voire païen - sur le Messie), son culte, ses reliques et les tapisseries à Conques, et sur la méprise injuste dont cette Eve Nouvelle est encore victime de nos jours. (remonter)
(8)
Dadon, seigneur de Conques, dépossédé de son château
par les Sarrasins, refuse d'échanger son cheval de guerre contre
la libération de sa mère prise en otage. Pris de remords,
après le départ des Sarrasins, il se fait ermite et reconstruit
les oratoires détruits. Cela
se passait un siècle avant la translation des reliques de sainte
Foy à Conques. (voir la chronique de l'abbaye)
(Remonter au
texte)
(9)
On sait que la première vertu de Charlemagne n'était pas
la fidélité et on lui connait plusieurs épouses ou
concubines (Himiltrude, Désirée de Lombardie, Hildegarde
de Vintzgau, Fastrade de Franconie, Liutgarde d’Alémanie,
Gerwinde de Saxe, Maldegarde, Regina et Adelinde). La tradition rapporte
également une relation incestueuse avec sa sœur Gisèle.
Cela n'empêchera pas sa canonisation par l'antipape Pascal III,
en 1165, soit quelques temps après la création du tympan.
(Remonter
au texte)
(10) Perpendiculaires au sol, les bâtons de l'abbé et de Dadon
suivent la direction verticale de la Croix, l'axe de la manifestation
transcendantale du divin. Mais deux d'entre eux sont obliques, suivant
la fameuse “diagonale de la grâce”
: celui de saint Antoine qui sut résister à ses célèbres
tentations et celui de saint Pierre qui pointe directement sur la serrure
de la porte du paradis dont il détient la clef.
(Remonter au texte)
(11) On peut au passage souligner un trait commun qui unit saint Antoine, sainte Foy, Marie de Magdala et la vierge Marie : leur retrait dans le silence. voir à ce propos la note brève sur l'approche spirituelle de cette frise du christianisme en marche.
(Remonter au texte)
(12)
« Au moment de terminer ce livre, une inquiétude me saisit.
Mon propos a été de suggérer que dans ce système [de l’Au-delà] la place maîtresse fut l’élément
intermédiaire, éphémère, fragile et pourtant
essentiel, le Purgatoire, qui s’est fait sa place entre le Paradis
et l’Enfer.
Mais, est-ce la vérité du système ?
Ne pourrait-on se demander si l’élément moteur, organisateur
n’a pas été ce paradis, qui a si peu suscité
l’intérêt des historiens et qui, si je consulte mon
dossier, ne paraît pas si fade et monotone qu’on le dit. »
(Jacques Le Goff, La naissance du Purgatoire, Folio Histoire,
éd. 2002, p. 484). (Remonter
au texte)
Chapitre
suivant : 5) Les Tartares
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