Etat réel du tympan. Il ne reste que des traces de polychromie
LA POLYCHROMIE :
des vestiges originels aux créations lumineuses contemporaines
Des traces de polychromie du XIIe siècle sont encore visibles, malgré les altérations dues à l'érosion et la couche de badigeon blanc appliquée au XIXe s.
Image du tympan traitée numériquement pour faire ressortir les vestiges de la polychromie d'origine.
Déplacez le curseur de la justaposition vers la gauche pour passer de l'état normal à l'effet de polychromie renforcée |
Les vêtements sont souvent bleu indigo, ou dorés, plus rarement verts (Sainte Foy, Marie de Magdala). L'arrière-plan rouge domine du côté du Tartare, avec des flammes rouges ou jaunes. Rouge et bleu alternent sous les arches de la Jérusalem céleste. Les pigments du XIIe s. sont l'azurite (bleu), le cinabre (rouge, ocre), la malachite (vert) et la feuille d'or. |
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Des études scientifiques des Monuments Historiques menées sur des échantillons prélevés ont permis récemment d'analyser la composition des pigments d'origine et de reconstituer la polychromie du tympan. Le bleu, le rouge et le doré dominent largement. |
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![]() Coloration publiée dans l'aticle de Paul Deschamps Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot 1941 n° 38 Pl. X |
![]() Reconstitution contemporaine de la polychromie : Atelier Langlois, Albi (avec l'aimable autorisation de Louis Causse) |
On notera que Charlemagne, placé du côté des élus est revêtu d'un manteau bleu. Ce signe paradoxal pour un empereur est tout à fait inouï (1) et -en admettant que la plychromie soit d'origine- pourrait constituer un indice fondamental pour dater la création du tympan dans le dernier tiers du XIIe siècle, après la canonisation de Charlemagne, par l'antipape Pascal III en 1165, à la demande de l'empereur germanique Frédéric Barberousse.
Pour rendre les visages encore plus expressifs, les yeux des personnages étaient constitués de verre taillé incrusté dans les orbites évidées. Avec le temps et les avanies, presque tous ont disparu. Quelques personnages de la Jérusalem céleste les ont conservés ou retrouvés.
Marie de Magdala, les saintes Femmes, et les patriarches et prophètes de l'Ancien Testament ont conservé leurs yeux (billes de plomb qui accrochent la lumière)
Les travaux scientifiques récents ont révélé plusieurs couches de peinture : la polychromie XIIe siècle aux couleurs vives a en grande partie disparu. elle est localement recouverte par des vestiges des pigments jaunes des réfections intervenus au XVe (~1460-1490 probablement à l'occasion de la reconstruction de la coupole) voire au XVIe (à la suite de l'incendie de 1568 provoqués par les Protestants) puis par un badigeon au blanc de barytine appliqué au XIXe s. (1886). (voir l'intéressante infographie de l'INHA)
MISE EN LUMIÈRE : vidéo de l'Atelier ATHEM : une création scénographique nocturne librement inspirée de la polychromie du tympan
Source : https://www.tourisme-conques.fr/fr/conques/tympan (lien)
(1) Les rois sont traditionnellement vêtus de rouge. C'est pourquoi, Michel Pastoureau, le médiéviste spécialiste de l'histoire des couleurs, déclarait dans une conférence données au Louvre sur les couleurs du Moyen-âge : "Charlemagne ne se serait jamais habillé de bleu. Cela aurait été absolument inouï." (Voir la vidéo sur la "Révolution bleue" des XIIe - XIIIe siècles). Ce qui était impossible au temps de Charlemagne devient possible à la fin du XIIe siècle, vers 1170, où les moines de Conques ont la géniale intuition du Purgatoire, concept qui émerge à cette époque (Cf. Le Goff). (remonter)