9. UN POÈME DE DOUZE VERS LÉONINS |
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Que disent les inscriptions ? |
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L'amour des Belles Lettres | |||||||||||||||||||||||||||
L'amour des Belles Lettres nourri par les Bénédictins de la Renaissance romane transparaît jusque dans les textes gravés au tympan de Conques. Les inscriptions composent en effet un remarquable poème de douze vers léonins.
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Cette forme de versification latine était très en vogue à l'école victorine et Hugues de Saint-Victor la recommandait pour ses vertus mnémotechniques. Précisément, le vers léonin se caractérise par une rime intérieure. (Elle apparait ci-dessous en gras) | |||||||||||||||||||||||||||
TEXTE LATIN |
TRADUCTION |
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• SACTORVM CETVS STAT XPISTO IVDICE LETVS • SIC DATVR ELECTIS AD CELI GAVDIA V<E>CTIS (1) • GLORIA PAX REQVIES PERPETVVSQ<VE> DIES • <C>ASTI PACIFICI MITES PIETATIS AMICI
• SIC STANT GAVDENTES SECVRI NIL METVENTES
• [H]OMNES PERVERSI SIC SVNT IN TARTARA MERSI (2)
• PENIS INIVSTI CRVCIANTVR IN IGNIBVS VSTI
• DAEMONES ATQ<VE> TREMVNT PERPETVOQ<VE> GEMVNT
• FVRES MENDACES FALSI CVPIDIQVE RAPACES
• SIC SVNT DAMPNAT<I> CVNCTI SIMVL ET SCELERATI
• O PECCATORES TRANSMVTETIS NISI MORES
• IVDICIVM DVRVM VOBIS SCITOTE FVTVRVM |
AINSI AUX ÉLUS CONDUITS AUX JOIES DU CIEL SONT OFFERTS LA GLOIRE LA PAIX LE REPOS LE JOUR ÉTERNEL LES CHASTES LES PACIFIQUES LES DOUX LES AMIS DE LA PIÉTÉ
SE TIENNENT AINSI DEBOUT JOYEUX DANS LA SÉCURITÉ, SANS CRAINTE
AINSI LES HOMMES PERVERTIS SONT PLONGES DANS LES TARTARES LES INJUSTES SONT TOURMENTÉS DE SUPPLICES, BRÛLÉS DANS LES FLAMMES
FACE AUX DEMONS, ILS TREMBLENT ET GÉMISSENT PERPÉTUELLEMENT
C'EST AINSI QUE SONT CONDAMNÉS LES VOLEURS, LES MENTEURS,
LES TROMPEURS ET LES RAPACES CUPIDES, COMME LES CRIMINELS
Ô PÉCHEURS A MOINS QUE VOUS NE MODIFIIEZ VOS COMPORTEMENTS, SACHEZ QUE LE JUGEMENT FUTUR SERA RUDE
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Dernier chapitre : conclusion | |||||||||||||||||||||||||||
Documents complémentaires : |
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Tableau d'assemblage de toutes les inscriptions (traduction française) : | |||||||||||||||||||||||||||
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Tableau d'assemblage de toutes les inscriptions telles qu'elles apparaissent aujourd'hui : | |||||||||||||||||||||||||||
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Tableau d'assemblage de la transcription des inscriptions en latin normalisé : | |||||||||||||||||||||||||||
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JEUX DE MOTS ET DE LETTRES
DES MOINES NULS EN ORTHOGRAPHE ? Les textes du tympan sont émaillés de quelques anomalies lexicales. L'école monastique échouait-elle a inculquer une orthographe correcte à ses élèves ? Bien au contraire, le Maître du tympan est un latiniste virtuose et excellent versificateur. Cette grande H qui fuit le paradis pour entrer aux Tartares serait-elle le signe de quelque chose qui n'irait pas ? (Comme une limite, une restriction, une cloture posée, comme sa forme et son étymologie le suggèrent ?) Pareillement, au lieu d’écrire FALSI, l'artiste a gravé FALSD sans doute pour évoquer l'adjectif FALSIDICI. Falsidici (les menteurs) est plus explicite que falsi (les faux), mais incompatible avec le corset rigide de la métrique. L'artiste substitue subrepticement un D au I pour suggérer le sens sous-jacent. Ces exemples révèlent la grande maîtrise de la langue et du rythme qui s’octroie en outre le luxe de faire parler ses légers écarts vis-à-vis de la norme.
Le philologue François De Coster (à qui nous devons les remarques orthographiques précédentes) évoque une "scansion d'une clarté déconcertante", fruit d'une prosodie de rigueur irréprochable dans l'alternance des syllabes longues et brèves, et d'une métrique parfaite selon les règles de la versification latine. Il souligne en outre qu'il s'agit toujours de rimes riches. |
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Dernière MAJ : 28/08/2025 |
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(1) Les lettres entre chevrons (ex. <C>ASTI) marquent les lettres manquantes (abrégées, éludées ou disparues) (retour) |