L'inscription arabe de la robe de l'ange

Inscription coufique
Détail de l'inscription arabe coufique
الحمد (al hamda : louange) et اليوم (al yūm : le jour)

Jean-François Faü, à l'époque attaché linguistique à l'Ambassade de France au Caire, a publié une note sur cette inscription en arabe calligraphiée en caractères coufiques fleuris : « Il s'agit d'une des formules de glorification de Dieu, al hamda, c'est à dire “la gloire”, employée ici en relation directe avec le thème central du tympan. Cette traduction a été confirmée par le département des langues et traductions de l'université d'al Azhar au Caire. Une première lecture avait été effectuée par Mme Madeleine Viré, de l'Institut des Hautes Etudes Arabes de Tunis, qui y voyait le mot al youm, “la félicité” (Cf. Procès-verbaux de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, t. XXXVIII, 1954-58, p. 339.). [...] Le mot al hamda ("Gloire à Dieu”) s'adapte si bien au thème du Jugement dernier, sur le tympan de Sainte-Foy de Conques, qu'il n'est plus possible d'attribuer à cette inscription une simple valeur décorative. Son auteur, “le Maître du tympan”, ou moins vraisemblablement un membre de son équipe, avait pleinement conscience de ce qu'il gravait au bas de la robe de l'ange. Venait-il de l'Espagne mozarabe ? La question peut se poser. » Jean-François Faü, “A propos de l'inscription en caractères coufiques sur l'ange sonneur d'olifant au tympan de Sainte-Foy de Conques”, in "Enfer et Paradis", Cahiers de Conques n°1, Centre Européen d’Art et de Civilisation Médiévale, 1995, p. 67-70.
Plus tard, Faü précisera que l'inscription composée de deux mots : الحمد (al hamda : louange [à Dieu], loué soit-il) et اليوم (al yūm : aujourd'hui, le jour [du Jugement]) est répétée tout le long du galon de la robe d'un pied à l'autre,  écrite d'abord de droite à gauche puis de gauche à droite. (cf. J-F. Faü, Inventaire raisonné des inscriptions coufiques dans le sud de la France VIIIe - XIIIe siècles, Geuthner, 2017, p. 21-23)

L'écriture coufique est la plus ancienne forme calligraphique arabe caractérisée par des lettres angulaires (posées sur une base rectiligne) et des hampes allongées. Le style coufique fleuri ornemente les hampes de fleurs, de feuilles et de palmes. L'artiste qui a "signé" de la sorte ce fragment du tympan (indétectable depuis le sol) maîtrisait parfaitement l'art de la calligraphie et la langue arabe. Pour comprendre comment et pourquoi une inscription en langue arabe se retrouve gravée au tympan, voir l'histoire du moine sarrasin "converti".

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