Les cultes jumelés de Marie de Magdala et de sainte Foy à Conques
UN CULTE DEVENU RÉCEMMENT UNIVERSEL
Enfin ! depuis peu, l'Église catholique (re)considère Marie de Magdala pour ce qu'elle est intrinsèquement, à savoir le premier témoin de la résurrection du Christ, base de la foi chrétienne, et non plus comme l'incarnation du simulacre de la "pécheresse repentie", sous le vocable de "(Marie) Madeleine". Deux décisions doctrinales entérinent ce statut :
L’Abbaye de Conques ne peut que se réjouir de cette reconnaissance de Marie de Magdala, et n’a pas à opérer de « retournement » pour lui rendre un culte « plus convenable » (sous-entendu que celui de l’affabulation de la « Pécheresse » prostituée), car cette abbaye bénédictine, depuis plus de mille ans, est restée fidèle à la foi des premiers chrétiens qui vénéraient déjà « l’Apôtre des Apôtres ».
A Conques en effet, le culte de Marie de Magdala revêt une importance équivalente à celui de sainte Foy (4), avec qui elle est systématiquement jumelée, comme en témoignent la liturgie, les reliques, la littérature, la statuaire médiévale (aussi bien romane que gothique) et les tapisseries du Grand Siècle.
LA STATUAIRE
La seconde relique est présentée dans le reliquaire triptyque gothique, (illustration ci-dessous) dont le volet gauche rassemble les reliques d’une vingtaine de saints, tandis que le volet de droite est réservé aux insignes reliques de la Vierge, du pain de la Cène, qui encadrent celles de Marie de Magdala. Cette dernière est clairement identifiée par la mention « DE M[ARIA] MAG[D]ALEN[A]E ». |
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Détail des émaux de sainte Foy à gauche et de Marie de Magdala à droite (reliquaire d'albâtre) |
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LES TAPISSERIES |
Noli me tangere, tapisserie de Felletin représentant Marie de Magdala se "retournant" vers le Christ qu'elle prend pour un jardinier. (Manufacture de Felletin, Creuse, XVIIe s. Musée municipal de Conques) |
Ce musée conserve également dans une salle non ouverte au public la série de tapisseries de même facture consacrées à sainte Foy. Celles-ci sont périodiquement exposées dans le chœur de la basilique à l'occasion des fêtes accordées à la fillette martyre(8). |
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La liturgie de Marie de Magdala comporte deux éléments : la « Cançoun dé Santa Fé », texte en occitan du XIIe et le Martyrologe du XIVe siècle.
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(1) Lire le texte en ligne (remonter) (2) Décret sur la célébration de sainte Marie-Madeleine élevée au grade de fête dans le Calendrier Romain Général, 10 juin 2016 : (version pdf sur le site du Vatican) (remonter) (3) C’est-à-dire le calendrier des Fêtes liturgiques (remonter) (4) Elle-même déjà reconnue « Apôtre » par Pascal II en 1101 et confirmée au XIVe siècle (remonter) (5) La forme carrée se retrouve sur les motifs qui ornent la couronne de sainte Foy au tympan. (voir le détail) (remonter) (6) Selon la légende provençale, et la "Légende Dorée" de Jacques de Voragine, "Marie-Madeleine" se serait échouée aux Saintes-Maries-de-la-mer, puis se serait retirée à la Sainte-Baume. Selon la tradition de l’Église Orthodoxe, elle mourut à Ephèse où avec saint Jean et la Vierge Marie, elle s’était exilée. (Remonter) (7) La monarchie française a accordé un culte royal à Marie-Madeleine, depuis le pèlerinage des capétiens, d'abord à Vézelay puis à la Sainte-Baume, (dès la réunion de la Provence à la couronne de France sous saint Louis), jusqu'à l'édification de l'église de la Madeleine à Paris par Louis XV. (Remonter) (8) Sainte Foy est une jeune fille brûlée vive puis décapitée en 303 à Agen en raison de sa foi chrétienne. Ses reliques ont été "volées" en 866 par un moine de Conques où elle fit alors de nombreux miracles. Voir la chronique de l'abbaye. Elle est célébrée à Conques le 6 octobre. (Remonter) (9) Jacques Le Goff, A la recherche du temps sacré, coll. tempus, Perrin, 2014, p. 30. (Remonter) (10) La tresque (tresca en occitan) est une procession composée de deux chaînes de danseurs qui se donnent répons depuis les bas-côtés opposés et qui progressent vers l'autel en se rejoignant au centre de la nef en formant une tresse. Elle ressemble à une carole. (remonter) (11) Prosper Alfaric et Ernest Hoepffner, La chanson de sainte Foy, Les Belles Lettres, Paris, 1926, t. I (fac-simile) et t. II (traduction). Cité par Pierre Séguret, in Conques, le trésor des deux aimantes, Editions du Tricorne, Genève, 2012, p. 29-30. (Remonter) (12) André de Mandach, « La chanson de sainte Foy en occitan : chanson de geste, mystère ou ‘théâtre de danse’ ? », in La vie théâtrale dans les provinces du midi, Actes du IIe colloque de Grasse, 1976, publiés par Yves Giraud, Gunter Naar, Tübingen / Jean Michel Place, Paris, Etudes littéraires françaises, 1980, p. 34-35. « […] pro faciendo karolam in monasterio sive in capella Beatae Mariae. [...] Translatio Sancta Fidis in cappis et cum Karola, sed sine processione. » et « purificacio Beatae Mariae Virginis in cappis et cum karola, tam sacristae quam confratiae Beatae Mariae et cum processionne. » La pratique de danses sacrée dans unne église semble donc se maintenir au XIVe s., malgré l'interdiction de danser formulée lors du deuxième concile de Lyon en 1274. |
Dernière mise à jour : 18 octobre 2023